Les fortifications de Gotland de 1645 à 2000.


 

Introduction

L’île de Gotland se situe au cœur de la mer baltique, cette situation lui permet d’avoir un climat plus clément que dans le reste de la Suède autorisant notamment la culture de la vigne. Le trajet en avion entre Stockholm et Visby (1), chef-lieu du comté, est en outre relativement court (entre 35 et 45 minutes).

Suite au traité de Brömsebro (1645), l’île quitta la couronne danoise pour intégrer la Suède. Depuis cette période l’on peut dire que l’histoire des fortifications sera en dent de scie avec deux périodes où elles seront absentes de l’île entre 1788 et 1854 et depuis 2000. L’époque la plus faste correspondra entre 1939 et 2000.

Les fortifications construites sur l’île seront par ailleurs représentatives de celle de l’ensemble de la Suède construite à la même époque

Plan de Gotland, 1 : Visby, 2 : Slite, 3 Fårösund, 4 : Tingstäde. (© Google Earth)

 

 

Historique

 

Lorsque l’île fut rattachée en 1645 à la couronne suédoise, les Suédois rasèrent la plupart des fortifications qui s’y trouvaient à l’exception notoire de l’enceinte fortifiée de Visby. En revanche commença la construction de la principale forteresse de l’île sur l’îlot d’Enholmen face à Slite en 1657, les travaux cessèrent en 1662 en raison de la perte d’importance de l’île compte tenu des possessions suédoises en mer baltique. Au début du 18 siècle, les choses changèrent et les travaux reprirent sur Enholmen, qui devint la forteresse de Calrsswerd, complétée par des batteries sur la côte (2). En 1788, le roi Gustav III décida de retirer la forteresse de Carlsswerd.

 

En 1808, lorsque les Russes débarquèrent sur l’île dans le cadre de la guerre de Finlande, ils n’y trouvèrent aucune résistance, le gouverneur par intérim de l’île la jugeant inutile. L’occupation russe fut brève (3 mois) mais laissa des traces dans la mémoire collective suédoise. Conséquence de l’invasion : le Gotlands Nationalbeväring (3).

Pendant la guerre de Crimée (1854-1856), la flotte franco-britannique mouilla dans la passe de Fårö. Dans le même temps, la position d’Enholmen sera construite.

En 1886, les batteries d’Enholmen seront rejointes par les batteries Fårösund, comme ailleurs dans le pays, à l’artillerie s’ajouteront les mines électriques.

Le début du 20e siècle sera marqué par le retrait d’Enholmen et le début de la construction de la position de Tingstäde. La batterie de Mojner restera très brièvement en service en ce début de siècle.

La première guerre mondiale sera marquée par l’«affaire de l’Albatross  » en juillet 1915 où deux escadres russe et allemande échangèrent des tirs dont certains passèrent au-dessus du territoire suédois ce qui ne manqua pas d’être condamné par le gouvernement suédois.

En 1919, les trois batteries de Fårösund seront retirées du service.

En 1936 lorsque la Suède se réarma après le Försvarsbeslut  (4)1925, peu de monde en Suède prêtèrent une attention à la défense de Gotland. Parmi ceux qui jugèrent la défense Gotland importante l’on retrouve en 1937, le nouveau commandant de l'Etat-Major de la défense, le lieutenant général Olof Thörnell (5). Celui-ci obtient que deux batteries lourdes, deux légères et une longue portée soient construites sur l’île. Celles-ci seront mises en œuvre par le 3e corps d’artillerie côtière (KA 3) commandé par le major Gösta Möller.

Les choses s’accéléreront à l’été 1939, reste qu’en septembre 1939, lorsque la seconde guerre mondiale est déclenchée en Europe la défense de l’île est loin d’être prête notamment en ce qui concerne l’équipement individuel.

Les choses rentreront progressivement dans l’ordre, le nombre de batteries sera augmenté. Par ailleurs la côte verra la construction de casemates et 3 lignes de défenses seront construites. Au début de la seconde guerre mondiale l’île recevra des renforts notamment des 2 régiments d’artillerie côtière. En outre la défense de l’île sera placée en alerte préventive ou sur pied de guerre (lors de l’invasion de la Finlande en décembre 1939). A partir de l’été 1940, les troupes placées en état d’alerte préventive seront réduites. L’évènement qui marquera le plus les habitants de Gotland durant le conflit est de toute évidence le torpillage volontaire le 24 novembre 1944 du ferry du S/S Hansa par le sous-marin soviétique L-21. Ce torpillage fit 84 disparus (sur les 86 personnes à bord), tous étaient des civiles.

Au sortir de la guerre, l’on comptera 77 canons fixes soit 7,7 fois plus qu’en 1939.

En 1945, les premiers radars mobiles (d’origine anglaises) seront installés sur l’île, puis arriveront des radars fixes.

Si le nombre de batteries sera progressivement réduit durant la guerre froide, elles seront entre autres compensées par l’arrivée à partir des années 1960 de batteries automatiques. Cette modernisation fera que la côte, entre le sud de Ljugarn jusqu’au nord de Fårö, sera protégée par l’artillerie côtière. A la même période, la défense littorale sera également modernisée.

La fin de la guerre froide, mettra fin, comme dans le reste de la Suède, aux batteries côtières. 

 

Les fortifications au 18e siècle

 

Château de Visborg 

Le château de Visborg fut construit à partir de 1411, il était situé au sud de l’enceinte entourant Visby. L’édifice comprenait notamment 8 tours, ainsi que 3 cours. Le château fut détruit en 1679 par les Danois (après l’avoir renforcé) qui avaient débarqué sur l’île en 1676. Détruit, le château ne fut jamais reconstruit, les pierres servant à la construction d’autres édifices.

 

Enceinte fortifiée de Visby

L’enceinte de Visby fut érigée entre 1250 et 1258 puis reconstruite au 14e siècle. Au 19e siècle, l’enceinte fut modernisée afin de permettre le tir aux canons. L’enceinte comprenait alors 29 tours octogonales, des portes ainsi que deux caponnières. Généralement l’on divise le mur entre le côté terre et le côté mer. Au 20e siècle, le mur fut (mal) restauré. De nos jours le mur est classé monument historique, il s’agit de l’enceinte la mieux conservée d’Europe du nord et il a une longueur de 3.4 km (6).

 

A : Silverhättan / Kames, b : Brèche des lübeckois, C : La porte Saint Göran, D : La Porte nord, E L’hôtel de la Monnaie, F Caponnières, G : La Tour de Dalman, H : Caponnières, I porte ouest, J La Porte Sud, k : batterie (18e )et L : château, M : La porte des pêcheurs et La tour de la poudrière, N : Sprundflaskan, O : Murfallet et P : Jungfrutornet (© Google Earth)

 

 

Les caponnières

Les caponnières furent construites au milieu du 16e siècle à l’est de l’enceinte, de part et d’autre de la tour Dalman. Ces caponnières se nomment d’une part « Smörasken » pour celles situées le plus au nord et « Sparbössan » pour celles situées au sud.

Les portes et les tours principales.

Sur la partie terre l’on retrouve les portes Porte Nord, Tour de Dalman, L’hôtel de la Monnaie, la porte Saint Göran, Snäckgärdstornet, la Porte Sud, La porte de l’empereur, Kvarntornet et la porte ouest. Sur le côté mer se trouvent les tours ou les portes Silverhättan / Kames, Jungfrutornet, Sprundflaskan, Kärleksporten, La tour de la poudrière et La porte des pêcheurs.

L’on retrouve deux brèches dans le mur : une côté mer entre les Jungfrutornet et Sprundflaskan et la deuxième sur le côté terre entre la porte Saint Göran et Snäckgärdstornet, cette dernière est surnommée Brèche des lübeckois (7).

Enfin l’on retrouve deux autres types de tours d’une part des tours octogonales et d’autre part des tours appelées localement des Sadeltorn (tour en forme de selle [d’équitation]).


Porte Nord et tour Silverhättan / Kames. (© Bruno Collignon)



Caponnière et en arrière-plan la tour Dalman
et vue de l’enceinte.
(© Bruno Collignon)



Porte des pêcheurs et porte Sud. (© Bruno Collignon)



Sadeltorn avec et sans support métallique. (© Bruno Collignon)



Tour octogonale et hotel de la Monnaie. (© Bruno Collignon)

 

La Forteresse de Carlsswerd

La construction de la forteresse de Carlsswerd (8) débuta en 1657 sur l’île d’Enholmen, face au port de Slite. L’appellation de la fortification est alors « Redoute de Karl Gustaf » (9), le but était de protéger le port de Slite. Le plan de Johan Andersson Wärnschöld prévoit une pentagonale bastionnée. Cependant les travaux sont interrompus (10) au bout de 5 ans, l’expansion suédoise dans les actuels pays baltes ne justifiant plus la construction d’un ouvrage à Gotland.

En 1710 les travaux reprennent après la défaite suédoise à la bataille de Poltava (1709). La forteresse est renommée Carlsswerd (l’épée de Carl) et suit les plans originaux de 1657. En 1743, la forteresse est renforcée par 2 batteries côtières provisoires au sud de l’île. En 1750, la forteresse est (enfin !) achevée et mise en œuvre par 320 hommes dont 180 artilleurs.

 

En 1788, le roi Gustaf III décida de raser la forteresse afin d’éviter qu'elle ne tombe dans des mains ennemies. En juin de la même année, Carlssverd est totalement détruite.

 

L’armement de la forteresse comprenait les pièces en service dans l’armée suédoise à cette époque à savoir des canons de 3, 6, 12, 18 et 24 livres, des mortiers de 40 et 60 livres ainsi que l’obusier de 16 livres. Ces pièces étaient aussi bien placées sur les bastions qu’entre ceux-ci.

A titre d’exemple en 1743, la forteresse était équipée de 43 pièces d’artillerie sur les 146 pièces théoriques.

1: Enholmen  2: Grundet, 3 Magu, 4: Asunden, et 5 : Slite. (© Google Earth)

 

Reste de la courtine entre les bastions Baljan et Klingan. (© Bruno Collignon)

 

Batteries côtières

Au début des années 1710, plusieurs batteries furent construites le long de la côte de l’île notamment à Visby, Burgsvik Klintehamn Kronvald et Västergarn, Östergarn, dans la baie de Kappelshamn et au sud de la passe de Fårö.

En 1721, ces batteries furent retirées en raison de la paix.

 

 

Positions et batteries en service entre 1854 et 2000.

 

La position d’Enholmen

La position d’Enholmen fut érigée sur l’île d’Enholmen suite à la guerre de Crimée, il s’agissait de protéger le port de Slite, considéré comme militaire, et permettre le cas échéant aux navires suédois de s’y abriter. En prélude à la construction de la position, une batterie provisoire fut installée sur les restes du bastion Klingan. La position fut construite entre 1854 et 1858 suivant les plans de Carl Meijer. Dans les années 1880, la position fut temporairement renforcée.

1: bastion Doppskon, 2:Baljan, 3 Klingan, 4 fästet, 5: Knappen, 6: batterie côtière, E: batterie Est, O: batterie Ouest (© Google Earth)

 

La position fut retirée du service en 1905.

La position comprenait deux batteries (Est et Ouest) sous casemates allongées comprenant chacune deux galeries, l’une servant aux pièces et l’autre comme caserne. Au fond des galeries se trouvait un local à munitions ou un corps de garde. L’armement des batteries comprenait chaque fois 8 canons de 7 pouces et 4 canons de 24 livres.

Sur les murs de la batterie Est se trouvent des dessins notamment d'autres forteresses.

A la fin des années 1990, une station de contrôle fut installée dans la batterie Est.

Différente vue de la position,
en bas à gauche la station de contrôle du champs de mines.

(© Bruno Collignon)



Représentation de la citadelle de Marstrand. (© Bruno Collignon)



Vue de profil de la batterie Östra. (© Bruno Collignon)

 

La position côtière de Fårösund

Dans les années 1880, suite à des tensions entre la Russie et le Royaume-Uni et dans le but de réaffirmer la neutralité suédoise, il est décidé de protéger les entrées de la passe de Fårö.

La construction des « batteries de la flotte et de la position des mines de Fårösund » débuta en 1885. La position mettait en œuvre trois batteries : batterie Nord (ou 2e batterie), la batterie Centre (ou 1ère batterie) et la batterie Sud (ou 3e batterie). Ces batteries étaient complétées par deux champs de mines : l’un au nord et l’autre au sud.

Au moment de la construction des batteries, Fårösund n’était qu’un hameau qui allait devenir la maison-mère des artilleurs côtiers de Gotland.

Au début du 20e siècle, les batteries Nord et Centre furent modernisées, leurs armements remplacés et elles furent équipées de projecteurs.

En 1904, les infrastructures prennent le nom de « Position Côtière de Fårösund » puis en 1904 «Position Fortifier de Fårösund ». Elle est par ailleurs intégrée depuis 1902 au 1er régiment d’artillerie côtière.

Pendant la 1ère guerre mondiale, la position est renforcée par 2 canons de 15 cm modèle 1883.

Plan de la position. (© Google Earth)

 

En septembre 1919, la position est retirée du service.

La Batterie Nord (ou Batterie II) se situait à l’entrée de la passe, elle était initialement armée par 4 canons de 12 cm modèle 1873 à chargement par la bouche. Au début du 20e siècle, ses canons furent changés par 4 canons de 57 mm modèle 1892.

En 1902, elle fut équipée d’une station radiotélégraphique (11).

La Batterie centre (ou Batterie I) se situait au nord de la presqu’île de Bunge face à l’îlot de Skravgrund. Cette batterie mettait initialement 6 canons de 12 cm modèle 1873 à chargement par la bouche. Ceux-ci furent remplacés par 4 canons de 57 mm modèle 1892. De nos jours cette batterie sert d'hôtel l'été.

La batterie Sud (ou Batterie III) se situait au sud de la Batterie I. Elle était armée par 8 canons de 17 cm à chargement par la culasse.

Vue aérienne (12/2007) des batteries Sud, Nord et Centre, 1 : projecteur, 2 abris et 3 observatoire (© Google Earth)



 

Les batteries Nord (à gauche) et Centre (à droite). (© Bruno Collignon)



La batterie Sud avec à droite l’emplacement d’une pièce. (© Bruno Collignon)

 

La batterie de Mojner 

La batterie Mojner se situait au sud de Slite, elle devait initialement compléter la Position d’Enholmen dont elle est distante de 1 300 m à l'ouest de la passe. La batterie mettait en œuvre 4 canons de campagne de 12 cm modèle 1885. Chaque pièce disposait de sa propre soute à munitions.

La batterie fut retirée avant la première guerre mondiale et classée en 1935.


Emplacement d’une pièce de 12 cm modèle 1885. (© Bruno Collignon)

 

La position fortifiée de Tingstäde

La position de Tingstäde se situe au nord-est de Visby, à l’ouest du lac de Tingstäde (12). La position trouve son origine en 1888 lors d’un voyage du Prince Carl de Suède, en vue de trouver un emplacement pour une position fortifiée. Le projet initial du prince prévoyait une redoute d’artillerie avec 8 canons de 12 cm et 3 redoutes d’infanterie. Au final le projet définitif ne comprenait qu’une redoute d’artillerie (avec 4 canons de 8,4 cm), il s’agit de la Redoute I, et 4 redoutes d’infanterie. Celles-ci étaient complétées entre autres par des ouvrages d’intervalles et 5 observatoires, l’ensemble représente un périmètre de 5 km. Le projet fut avalisé par le parlement en 1898.


Plan de la Position fortifiée de Tingstäde. (© Google Earth)



En 1903, la construction de la Redoute I commença.

En novembre 1912, cette redoute est achevée et son aménagement intérieur débuta quelque mois plus tard. Outre les 4 canons de 8,4 cm modèle 1894-06 sous coupole, la redoute I comprenait également six mitrailleuses de 6,5 mm modèle 1900 sous coupoles.

Entre 1912 et 1914 les redoutes d’infanteries furent construites.

La position devait permettre d’accueillir 5000 hommes et leur alimentation pendant 30 jours.

La position servit principalement comme entrepôt pour la garnison de l’île.

Au début de la première guerre mondiale, la position fut inspectée par le roi Gustaf V, en septembre 1939 ce fut le prince héritier qui le fit.

Fin 1952, la Redoute I tira pour la dernière fois pour être retirée dans les années 1970. La position resta en service jusque dans les années 1990.


A : poterne, B : entrée de la redoute et C : canons (© Google Earth-12/2007)

La Redoute I était mise en œuvre par 300 hommes.

 

Les redoutes d’infanteries (Redoute II, III, IV et V) comprenait chacune 4 mitrailleuses de 6.5 mm modèle 1914 et des fusils mitrailleurs de 6.5 mm modèle 1896. Elle était chaque fois mise en œuvre par un équipage de 150 hommes.


En haut : entrée de la Redoute I,
en bas : queue de cochon et observatoire.
(© Bruno Collignon)



A gauche canon de 8,4 cm dans sa coupole,
en haut à droite chambré.
(© Bruno Collignon)



En haut à gauche canon de 8,4 cm dans sa coupole, en haut à droite chambrée, en bas emplacement des mitrailleuses à la Redoute II et la Redoute IV. (© Bruno Collignon)

 

 

La batterie de Bläse (BL) 

La batterie légère de Bläse fut érigée au printemps 1940, elle était équipée de 3 canons de 57 mm modèle 1899 ou 1889 (13). La batterie se situait au nord-est de la baie de Kappelshamn. En outre les pièces étaient installées sous casemate.

La batterie fut retirée dans les années 1970.

 

La batterie de Trelge (TG) 

La batterie lourde de Trelge se trouvait au nord-ouest de Gotland.

La batterie disposait de 2 canons (14) de 15,2 cm modèle 1898 d’une portée de 20 km. La batterie comprenait également des pièces antiaériennes (canons de 20 et 40 mm). Comme moyen d’observation, elle disposait entre autres d’un poste de commandement, de 10 observatoires et de 4 stations de mesure.

Cette batterie faisait partie du barrage de Trelge.

La batterie fut retirée du service à la fin des années 1980.


Batterie située au nord de Fårösund. (© Google Earth)

 

La batterie de Vialms (VA) 

La batterie légère de Vialms se situait à l’entrée nord de la passe de Fårö. La batterie était équipée de quatre canons de 5,7 cm, 2 du modèle 1889 et 2 du modèle 1899. La batterie fut érigée à l’automne 1939. La batterie comprenait son pc ainsi que celui du barrage (15) de Trelge. Sur le périmètre de la batterie se trouvait également un local à munitions, deux abris et une casemate MI. Cette batterie faisait partie du barrage de Trelge.

 

La batterie de Hultung (HG)

La batterie longue portée de Hultungn se trouvait au sud-ouest de Bunge, la construction de la batterie débuta à l’automne 1937. Celle-ci comprenait 2 canons (16) de 21 cm modèle 1898 A-35, les pièces étaient placées dans un cuvelage. La batterie comprenait des locaux à munitions, un bureau de tir et des abris. Outre les canons de 21 cm, la batterie disposait également de pièces antiaériennes.

La batterie comprenait 7 stations de mesure et 7 observatoires en partie en commun avec les deux batteries lourdes (Trelge et Bungenäs).

La batterie tira ses derniers coups le 8 octobre 1965.

 

 

La batterie de Hällrevet (HR)

La batterie légère de Hällrevet se trouvait sur la presqu’île de Bunge. Elle fut érigée fin 1939 et début 1940. La batterie était armée par 4 canons de 5,7 cm modèle 1899 sous casemate. Elle disposait également d’un poste de Commandement, d’un magasin à munitions et d’un abri. Cette batterie faisait partie du barrage de Bungenäs.

La batterie fut démissionnée à la fin des années 1960.

 

La batterie de Österklint (ÖK)

La batterie de Österklint se trouvait également sur la presqu’île de Bunge.

La batterie fut érigée en septembre 1939. Elle comprenait également un poste de commandement et un local à munitions. La batterie était équipée de trois canons de 5,7 cm modèle 1899.

Cette batterie faisait partie du barrage de Bungenäs.

La batterie fut démissionnée à la fin des années 1960.

 

La batterie de Bungenäs (BN) 

La batterie lourde de Bungenäs se situait au sud de la presqu’île de Bunge. La construction de la batterie débuta en 1937. Cette batterie était équipée de 2 canons de 15,2 cm modèle 1898 modèle 1936. La batterie disposait outre d’un poste de commandement, de 3 projecteurs, 6 stations de mesure, de 5 observatoires. La batterie comprenait également de canons antiaériens (20 et 40 mm).

Cette batterie faisait partie du barrage de Bungenäs.

En 1958, la batterie fut modernisée et équipée de 3 coupoles doubles 15,2 cm modèle 1951 (18). La batterie fut successivement équipée Cig 704 puis Arte 719, 724, 728.

La batterie fut décommissionnée en 2000.

 

La batterie de Kalkbruket (KB) 

La batterie légère de Kalkbruket fut érigée en 1941 sur la plage de Bungenäs. La batterie mettait en œuvre deux canons de 5,7 cm modèle 1895 C sous casemates. Elle disposait également d’un poste de commandement.

Cette batterie faisait partie du barrage de Bungenäs.

La batterie fut décommissionnée à la fin des années 1950.


Batterie située au nord de Fårösund. (© Google Earth)

 

La batterie de Biskops (Bk) 

La batterie antiaérienne de Biskops comprenait 3 pièces de 75 mm modèle 1936. Il s’agissait de la seule batterie antiaérienne de 75 mm mise en œuvre par le KA 3.

La batterie devait protéger la presqu’île de Bunge.

La batterie disposait entre autres de projecteurs et d’un radar.

 

La « Nouvelle » batterie de Mojner ou de Slite (SE 1) 

La batterie moyenne de Slite 1 se situait au sud de Slite, sa construction débute en septembre 1939. Cette batterie faisait partie du barrage de Slite. Elle était équipée de 2 pièces de 12 cm modèle 1894 ainsi que d’un poste de commandement et d’un bureau de tir. En 1940, une 3e pièce compléta l’armement de la batterie durant la seconde guerre mondiale. La batterie comprenait également des pièces antiaériennes.

En 1940, la batterie effectua des tirs contre l'aviso de la Krigsmarine « Grille ».

En 1950, deux autres pièces furent rajoutées.

La batterie fut décommissionnée en 1978.

 

Batterie de Visby (VY)

La batterie de Visby fut érigée en 1943 au sud de Visby. Cette batterie disposait de deux canons de 57 mm modèle 1892 dont un fabriqué à Seraing.

 

La batterie d'Asunden (AN)

Dernière batterie à être érigée durant la seconde guerre mondiale, la batterie d’Asunden fut construite en 1944 sur l’île du même nom. Elle comprenait 4 canons de 5,7 cm modèle 1889 B ainsi qu’un poste de commandement, un local à munitions et un abri. Sur l’île se trouvait également des casemates MI.

Cette batterie faisait partie du barrage de Slite.

La batterie fut décommissionnée dans les années 1960.

 

La batterie de Tjelder (TJ) 

La batterie de Tjelder se situait au sud de Slite dans la baie de Tjelder. La batterie fut érigée en 1958, elle comprenait 3 pièces de 7,5 cm modèle 1912. La batterie disposait de conduite de tir.

La batterie fut décommissionnée en 1972.

 

La batterie de Ljugarn (LN) 

La batterie automatique de Ljugarn se situait au sud-est de l’île, cette batterie de 7,5 cm modèle 1957 série 1 érigée en 1962 était la première construite en Suède. Elle était donc équipée de 3 pièces. La batterie fut décommissionnée en 1995.

 

La batterie de Slite 2 (SE 2)

La batterie automatique de Slite 2 fut installée au nord de Slite sur l’île de S:t Olofshohm. La batterie fut érigée en 1968, elle comprenait 3 canons de 7,5 cm modèle 1957 série 2.

La batterie fut décommissionnée en 1997.

 

La batterie de Fårö (FÅ)

La batterie automatique de Fårö se situait au sud de la presqu’île de Ryss (Ryssnäs). Elle fut érigée en 1971. Cette batterie était équipée de 3 canons automatiques de 75 mm modèle 1957 série 3 et de deux conduites de tir de type ArtE 719. La batterie fut décommissionnée en 2000.


 

La batterie de Kappelshamn (KP)

La batterie automatique de Kappelshamn se situait au nord de la baie de Kappelshamn. La batterie fut érigée en 1972. Comme la batterie de Fårö, la batterie de Kappelshamn comprenait 3 pièces automatiques de 75 mm modèle 1957 série 3 et de deux conduites de tir de type ArtE 719. La batterie fut également retirée en 2000.

 

La batterie de Slite (SE 1)

La batterie automatique de Slite 1 fut érigée en 1978 à Hammarslandet (pièce 1) et à Asunden (pièces 2 et 3). La batterie était la seule batterie de l’île comprenant des pièces automatiques de 12 cm modèle 1970 (ErstA). Grâce à leur portée de 23 km, la batterie pouvait tant défendre Slite que Fårösund.

La batterie fut décommissionnée en 2000.

Canons de 5,7 cm modèle 1889, de 15,2 cm modèle 1898, 15,2 cm modèle 1951
et de 75 mm modèle 1957. (© Bruno Collignon)

 

Lignes de défense

 

Trois lignes de défense furent construites pendant la seconde guerre mondiale, deux se situent autour de Fårösund : La ligne Broskog et la ligne Lärbro. La 3e se situe au sud de l’île dans la presqu’île de Fide.

 

Ligne de défense,  A :Ligne Broskog , B : Ligne Lärbro et C : Ligne Fide. (© Google Earth)

 

Ligne Broskog (Broskogslinjen)

La ligne Broskog fut érigée entre 1943 et 1944. Elle coupait l’île de Fårö en deux au niveau des lacs de Bondansträsk, Norrsund et Alnästräsk.  La ligne comprenait 60 casemates. Cette ligne faisait approximativement 6 km de long.

 

Ligne Lärbro (Lärbrolinjen)

Ligne Lärbro fut érigée à partir d’avril 1943, elle comprenait 15 redoutes (19) entre les baies de Valleviken (sud) et de Kappelshamn (nord). La ligne s’appuyait également sur des marais et le lac de Fardume.

Cette ligne de défense faisait un peu plus de 10 km de long.

 

Ligne Fide (Fidelinjen)

La ligne Fide fut érigée à partir de 1943, elle coupait la presqu’île de Fide en deux au nord de l’église de Fide. Dans les années 1960, une tourelle de 75 mm y fut installée. Avec ses 3 km de long, il s’agissait de la ligne de défense la plus courte de l’île.


Dents-dragon de la ligne Lärbro à gauche
et tourelle de 7,5 cm de la ligne Fide camouflé. (© Bruno Collignon)

 

Défense rapprochée entre 1939 et 2000

 

A partir de la mi-septembre 1939, des casemates et des observatoires furent installés le long des 800 km de côte de l’île ainsi que le long des deux aérodromes (Roma et Bunge).

 

L’armement des casemates allait de la mitrailleuse aux canons de 8,4 cm modèle 1881 en passant aux canons antichars.

Ces casemates étaient mises en œuvre par des compagnies et pelotons côtiers regroupés dans 5 zones de défense (Fårö, Nord, Sud, Est et Ouest). En 1941, l’organisation sera modifiée, les zones seront réduites à 3 (Nord , Centre et Sud) et le terme côtier remplacé par casemate.

A partir des années 1950, l’armement des casemates sera modernisé notamment par l’introduction des tourelles de chars :37 mm modèle 1941 (20), 7,5 cm modèle 1942 et modèle 1974, antiaérien (7,5 cm modèle 1937) et antichar (7,5 cm modèle 1943). L’organisation sera dans le même temps également modifiée.

Ces fortifications resteront en service jusque dans les années 1990.

En outre des champs de mines seront également placés à partir de 1939 dans les baies et passes importantes de l’île.

Différents types de casemates MI. (© Bruno Collignon)



 

 

A gauche observatoire, à droite emplacement pour canon
de 7,5 cm modèle 1937. (© Bruno Collignon)



A gauche emplacement pour des canons de 37 mm modèle 1941,
à droite emplacement 7,5 cm modèle 1974. (© Bruno Collignon)

 

Moyen de détection

 

A partir de la fin des années 1940, des radars furent installés à Gotland. Avant cela, la détection reposait sur des observations humaines. Outre les radars utilisés spécifiquement par les batteries côtières comme conduites de tir, deux types de stations radars furent construits sur l’île et sur les îles autours. D’une part les stations radar sol-air et d’autre part les stations de surveillance côtière.

 

Entre 1950 et 2000, 8 stations radars seront construites à Gotland : les stations de « Ögat », «Katten », «Bonsen », « Skatan » et R-134« Staren», « Gladan » et « Duvan ».

Jusque dans les années 1970, 5 stations radars seront installées, il s’agit des stations radars 402, 420, 435, 435, 445 et 455.

Par ailleurs, en 1952, un centre de défense aérienne sera installé à Tingstäde permettant de coordonner la défense aérienne autour de l’île. Le centre sera fermé en 1966.

 

Dépôt de munition

 

A partir de 1941, quatre dépôts de munitions (à Linde, Follingbo, Torsburgen et Rute) seront construits sous terre pour le stockage de matériel d’armement et de munitions. Ces dépôts seront remplacés par quatre autres à Hellvi, Hejnum, Vänge et Stånga à partir de la fin des année 1960. Le dépôt de Rute servira également de Poste de commandement pour le KA 3.

A partir de la fin des années 1990, l’ensemble des dépôts furent progressivement vidés.

 

Centres de commandement et de contrôle

 

Les états-majors commencèrent à s’enterrer durant la seconde guerre mondiale. Ce fut tout d’abord le cas du KA 3 à Strå, ensuite le commandement militaire de l’île à Follingbo. Pour finir par les états-majors des districts militaires à Gammlegarn, Lillåkre, Källung, Havdhem, Rävhagen (non traité ici) et les autorités civiles au Galgberget (nord de Visby).

 

L’installation de Strå était de taille relativement réduite, l’état-major du KA 3 déménagea en 1973 à Rute dans une partie du dépôt.

L’état-major du commandement militaire de Gotland s’installa donc à Follingbo à partir de la fin 1944 (même si des travaux continuèrent jusqu’en 1945). Cette installation fut longtemps commune avec les autorités civiles de l’île d’où son appellation d'État-major conjoint. L’installation comprenait deux étages. D’importantes sommes d’argent furent dépensées pour procurer à l’installation une bonne protection contre les armes nucléaires ce qui n’aboutit pas totalement. Les départements représentés évoluèrent au fil du temps. L’ensemble de l’installation représentait 4 690 m³.

En 1995, les autorités civiles quittèrent le site pour s’installer au nord de Visby, au Galgberget. Depuis 2010, les portes du site furent scellées.

Enfin l’installation du Galgberget fut utilisée entre 1995 et 2005 par les autorités civiles comme poste de commandement.

 

Carte reprenant : les moyens de détections (disque blanc : côtier, en noir les sol-air), les dépôts de munitions (carré noir), les Centres de commandement et de contrôle (carré blanc) et le centre de défense aérienne de Tingstäde (triangle blanc). (© Google Earth)

 

 

Conclusion

 

L’île de Gotland dispose d’une histoire riche cependant un nombre important des fortifications que nous avons présentées ici ont soit été rasées, soit disparus à travers la végétation, soit ont été scellées.

 

Parmi les fortifications visitables figurent les redoutes I et IV, cette dernière est par ailleurs intégrée depuis 2014 au musée de défenses de Gotland qui a ouvert en 2009 à Tingstäde. Au nord face à Fårö les batteries Nord et Sud sont encore visibles, la batterie centre étant transformée en auberge.

A Slite, Enholmen est parfois visitable, l’île étant une réserve naturelle.

Un tronçon des casemates situé le long de la côte a été préservé entre Brucebo et Almedalen (Visby), ainsi que fort heureusement l’enceinte de Visby.

Des lignes de défense, il ne reste que la tourelle de 7,5 cm dans la ligne Fide. Pour ce qui est de la ligne Lärbro seules deux redoutes sont encore visibles, le reste fut soit détruit par les carrières de l’île soit endommagé par l’humidité des marais environnants.

Malgré cela le voyage mérite d’être effectué pour ceux qui s’intéressent aux fortifications.

 

Note :

(1) Visby se situe à environ 1 440 km de Paris.

(2) Elles seront cependant retirées en 1720.

(3) Cette milice servira de base pour former en 1887 le Corps d’Artillerie de Gotland et le régiment d’infanterie de Gotland (I 27).

(4) Ré(organisation) de la défense au cours de laquelle un nombre important d’unités seront dissoutes.

(5) En 1928, il avait été commandant militaire de l’île et connait donc parfaitement l’île.

(6) A titre de comparaison l’enceinte de la cité de Carcassonne fait 3 km.

(7) Selon une croyance populaire cette brèche aurait été faite par des Lübeckois en 1525.

(8) Parmi les autres orthographes l’on retrouve Karlsvärd, Karlssvärd,Carlswerd et Carlswärd.

(9) Le site avait été inspecté en 1652 par le futur Karl X Gustaf.

(10) La construction de 4 bastions est alors entamée Baljan, Knappen, Fästet et Klingan.

(11) En 1912, la station déménagea à Tingstäde.

(12) Au milieu du lac de Tingstäde se trouvait la fortification de Bulverket construite vers 1130.

(13) Une 4e pièce fut installée à l’automne 1940.

(14) Une 3e pièce fut installée en 1942, ces canons servirent précédemment sur des navires de la marine suédoise.

(15) Un Spärr (barrage) regroupe généralement de l’artillerie côtière et des mines. Après 1945, le nombre de batterie sera progressivement réduit jusqu’en 2000

(16) Une 3e pièce fut rajoutée en 1942, ces pièces proviennent de bâtiment de la marine.

(17) Une 3e pièce fut installée en 1941.

(18) Ces pièces avaient une portée de 22 km et une cadence de tir de 5 coups par minute.

(19) Du sud au nord : Valleviken 1, Valleviken 2, Fardume,  Koparve, Åse, Lärbro , Myren, Västrume, Rute/Grustaget, Hällarna, Krutkällaren, Höjden/Högen, Brottet, Storungs et de Mölner.

(20) Utilisé pour la protection des aérodromes de Visby et de Bunge.




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