Un choix délibéré :
Donc, dès 1992, le train interne du fort de Schoenenbourg fonctionne, il est même très utile pour acheminer les lourdes charges qu'il fallait auparavant pousser péniblement à la main.
La question de savoir si on devait, à partir de ce moment, transporter les visiteurs entre la gare arrière et les blocs de combat avait été débattue de longue date. Car il y avait des précédents, comme aux ouvrages du Simserhof, du Hackenberg et de Fermont. Là, la ballade en train était une chose très attractive pour les visiteurs, et certaines de ces associations en avaient même fait leur produit d'appel principal : "En métro dans la Ligne Maginot".
Au Schoenenbourg, malgré l'attrait de cette formule, il avait été décidé de ne pas l'exploiter, ceci pour plusieurs raisons. La première était qu'on ne disposait pas de suffisamment de techniciens pour assurer le service et la maintenance d'un matériel en continuelle activité. D'ailleurs apparaissaient dans les autres sites des problèmes d'usure auxquels il serait difficile de remédier, comme par exemple le remplacement, à Fermont, de 600 mètres de rails usés. Mais le motif principal venait de ce que l'AALMA avait opté pour l'introduction de la visite dite "libre", où le touriste individuel irait sans guide, à son rythme, à la découverte de l'ouvrage. On n'était alors plus dépendant ni d'horaires, ni de flux, alors que les visites en train généraient des flux difficiles à maîtriser, surtout en cas de grande affluence. Idem pour les journées creuses, vu les remarques maintes fois entendues chez les confrères "On ne va pas faire rouler le train pour 5 à 6 personnes !". Dans le cas contraire, ils étaient embêtés quand du bus débarquaient 55 personnes, alors que leur train n'en acceptait que 52. Au Schoenenbourg, les visiteurs avaient, depuis 1982, pris le pli de la balade à pied, et ils ne s'en portaient pas plus mal.
D'ailleurs, en 1939/1940, les trains des ouvrages ne transportaient pas de voyageurs, sauf pour les prises de vues de la propagande, ou encore à l'occasion de la visite de personnages importants, mais cela était exceptionnel. A ce titre, le colonel Pierre Stroh, qui était à cette époque le capitaine commandant le génie de l'ouvrage, et donc le patron des sapeurs des chemins de fer, écrivit qu'il n'aurait jamais eu l'idée de se faire véhiculer par le petit train car cela était contraire au règlement. Il effectuait ainsi, tous les jours, près de 8 kilomètres à pied pour faire la tournée de ses subordonnés.
Enfin, et la commission de sécurité allait le confirmer plus tard aux bénévoles, il semblait tout à fait illusoire de vouloir transporter en toute sécurité des personnes avec des matériels datant des années 1930, qui ne répondaient plus du tout aux normes actuelles, ni de mettre sous tension une caténaire à 2m70 du sol, donc à moins d'un mètre de la tête des visiteurs les plus grands. D'autres avaient pris ce risque, les dirigeants de l'AALMA n'étaient pas prêts à l'endosser. Le train sera donc utilisé au Schoenenbourg, en dehors des heures de visite, pour transporter ponctuellement des matériels et autres charges qu'il serait difficile de transporter autrement. Et quelquefois aussi pour faire plaisir aux bénévoles. Il restera donc en exposition statique, à la simple vue des visiteurs.
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