Le fort de Schoenenbourg :
Le fort de Schoenenbourg est situé dans le nord du département
du Bas-Rhin, près de la ville-frontière de Wissembourg. Il est situé sur les
communes de Hunspach et d'Ingolsheim, à 4 kilomètres au nord de
Soultz-sous-Forêts et à 50 km au nord de Strasbourg (carte Michelin n°87, pli
3).
Description du fort
Le fort de Schoenenbourg est, de par sa
taille, le plus important ouvrage visitable en Alsace (l'ouvrage le plus étendu
de la Ligne Maginot est en fait son voisin, l'ouvrage du Hochwald. Celui-ci
n'est pas ouvert à la visite, car l'armée y a installé un centre de
détection aérienne : la base aérienne 901 - Drachenbronn).
Construit de 1931 à 1935, le fort de
Schoenenbourg est un important ouvrage d'artillerie dont la mission était de
verrouiller, avec les ouvrages voisins, le nord de l'Alsace et plus
particulièrement les pénétrantes de Wissembourg vers le sud. Il était prévu
pour une garnison de 600 hommes, et disposait de nombreuses installations de
vie, de service et de combat, essentiellement souterrains.
Il se compose de deux entrées puissamment
bétonnées, implantées au coeur de la forêt de Hunspach, à proximité
desquelles s'étendent, à une profondeur maximale de 30 mètres sous terre, les
installations de vie et de service : casernement, cuisines, infirmerie, centrale
électrique, systèmes de ventilation et de filtrage de l'air, ateliers,
réserves d'eau et de carburant, etc.,.
A plus de 1000 mètres de ces entrées, se
situent les organes de combat, 6 "blocs" dispersés sur plusieurs
hectares, fortement bétonnés, et disposés en surface. Les blocs d'infanterie
sont reconnaissables, en majorité, à leur façade percée de créneaux de tir
pour mitrailleuses et canon antichar, les blocs d'artillerie sont caractérisés
par la présence de tourelles éclipsables, fortement blindées.
Un réseau de galeries développé sur près
de 3 kilomètres et à une profondeur moyenne de 22 mètres sous la surface du
sol relie ces différentes installations entre elles.
Les galeries principales sont parcourues par
un train électrique sur voie de 60 cm. Les blocs d'entrée et de combat sont
reliés verticalement par des escaliers et 6 monte-charge de 1 à 5 tonnes.
En résumé, les 8 blocs de l'ouvrage situés
en surface se définissent comme suit :
- bloc 7 : entrée principale (ou entrée des
munitions),
- bloc 8 : entrée du personnel (ou entrée
des hommes),
- bloc 1 : casemate d'infanterie,
- bloc 2 : tourelle à éclipse pour un
jumelage de mitrailleuses,
- bloc 3 : tourelle à éclipse pour 2 canons
de 75 mm,
- bloc 4 : tourelle à éclipse pour 2 canons
de 75 mm,
- bloc 5 : tourelle à éclipse pour deux
mortiers de 81 mm,
- bloc 6 : casemate d'infanterie.
Avant guerre :
- 1929 : premières études, premiers
projets.
- 1931 : début des travaux de creusement et
de construction.
- 1935 : achèvement de l'ouvrage. Travaux
d'amélioration et de modernisation jusqu'en 1940.
- 1936 : première occupation du fort par son
équipage.
- 1938 et 1939 : nouvelles crises
internationales et nouvelles occupations de l'ouvrage.
La campagne de France :
- Le 3 septembre 1939, la guerre éclate entre
la France et l'Allemagne, les troupes de forteresse gagnent leurs positions et
leurs postes de combat.
- Les premiers mois du conflit, connus sous
l'appellation de "drôle de guerre", se déroulent dans un calme
émaillé seulement de quelques incidents.
- L'ouvrage de Schoenenbourg, avec les ouvrages
voisins, verrouille énergiquement l'Alsace du Nord.
- Le 10 mai, les Allemands passent à
l'offensive dans le nord de la France. On peut en conclure que la Ligne Maginot
a achevé là sa mission en permettant à la France de mobiliser ses troupes et
en obligeant l'adversaire à choisir des voies d'invasion beaucoup plus longues
que celles empruntées dans les conflits précédents.
- Le 14 mai, le fort de Schoenenbourg est pris
à partie par l'artillerie lourde allemande. Les troupes adverses franchissent
la frontière et se concentrent à l'abri des bois et des premiers villages
alsaciens. Les tourelles des blocs 3 et 4 entrent constamment en action. Les
canons tonnent sans arrêt.
- Les Allemands progressent péniblement, en
essuyant des pertes. Leur artillerie tire sur le Schoenenbourg, dans l'espoir de
faire taire les tourelles.
- A partir du 16 juin, devant le peu de succès
des troupes d'infanterie, l'aviation allemande s'acharne à bombarder les blocs
et les entrées du fort. Les escadrilles de Stukas déversent sur l'ouvrage des
bombes pesant jusqu'à 1000 kg. Mais ces raids aériens sont sans grand
résultat.
- Un obusier de 420 mm similaire à la
"Grosse Bertha" de la Première Guerre Mondiale prend alors le relais
; il expédie 50 obus pesant 1 tonne chacun sur les blocs de combat.
- Mais les tourelles tirent toujours, et
l'infanterie allemande qui tente une percée de la Ligne Maginot près des
villages d'Aschbach et d'Oberroedern, à 6 km au Sud-Est, est stoppée subissant
de lourdes pertes.
- Quand sonne l'armistice, le 25 juin 1940,
l'ouvrage de Schoenenbourg qui a tiré plus de 17000 obus, résiste toujours.
Les Allemands occupent déjà Strasbourg, Paris et Lyon, mais le drapeau
français flotte toujours sur le nord de l'Alsace.
- Les défenseurs du fort ne se rendront que le
1er juillet, invaincus, au matin du cinquième jour après l'armistice, sur
ordre du Haut commandement français. A cette date, le Schoenenbourg est
l'ouvrage le plus bombardé des fortifications de la Ligne Maginot.
Après la guerre :
- De 1950 à 1955, le Génie militaire français
remettra l'ouvrage en état de servir et en assurera l'entretien jusqu'en 1967.
- De 1967 à 1978, abandon quasi total du fort,
livré aux méfaits du temps et des pillards.
- 1978 : Constitution de l'association des Amis
de la Ligne Maginot d'Alsace (AALMA) et, en 1982, prise en charge de l'ouvrage
et début des travaux de restauration..
- En 1992, l'ouvrage de Schoenenbourg est
inscrit dans son intégralité à l'inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques.
- En 2001, les communes deviennent
propriétaires. D'importants travaux de valorisation ont été fait sous l'égide
de la Communauté des communes du Pays de Wissembourg.
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