Les tourelles cuirassées


1928 FRANCE
La Commission de défense des frontières, chargée d’élaborer les formes d’une ligne fortifiée appelée ultérieurement «Ligne Maginot», opta pour l’emploi de tourelles à éclipse.

En effet, l’épreuve du feu avait démontré, lors de la Première Guerre Mondiale, la supériorité des tourelles à éclipse sur les tourelles tournantes. On reprit donc le principe de l’excellente tourelle de 75 modèle 1985 dont on porta l’épaisseur du cuirassement à 30 cm. Les fonctions de batterie-éclipse, de rotation et d’amenée de projectiles furent électrifiées. Appelées à recevoir plusieurs types d’armement, ces tourelles furent à chaque fois adaptées au type de bouche à feu installée et varièrent par conséquent en poids, dimension et points de détail. Les établissements Batignoles-Chatillon, Chatillon-Commentry et Fives-Lille en réalisèrent la structure et les cuirassements. 152 de ces organes se répartissant en 8 modèlès furent installés dans la Ligne Maginot.

On dénombra ainsi :

- 21 tourelles pour deux canons de 75 mm mle 1933, d’un poids de 265 tonnes (dont une au Hochwald)

- 12 tourelles pour deux canons de 75 mm mle 1932 raccourci, de 210 tonnes (dont deux au Schoenenbourg)

- 17 tourelles pour deux obusiers de 135 mm mle 1932, de 165 tonnes

- 21 tourelles pour deux mortiers de 81 mm mle 1932, de 125 tonnes

- 61 tourelles de mitrailleuses (deux mitrailleuses MAC 31, calibre 7,5 mm).

- 13 tourelles de 75 mle 1985 furent réemployées dans la Ligne Maginot, dont une en l’état (ouvrage du Chesnoy), les douze autres transformées pour recevoir deux armes mixtes (1 arme mixte = 1 canon de 25 mm + 1 jumelage de mitrailleuses 7,5 mm).

- 7 tourelles pour une arme mixte et un mortier de 5O seront l’objet d’une ultime réalisation, une seule fut effectivement installée au bloc 9 de l’ouvrage d’Anzeling. De conception plus tardive que les modèles précédents, ces dernières ne comportaient pas de balancier, mais étaient équilibrées par trois contrepoids reliés au pivot par chaînes. Nombre de ces tourelles connurent l’épreuve du feu, en mai-juin 1940 et se révélèrent parfaitement efficaces, notamment les tourelles d’artillerie. Par exemple, les deux tourelles de 75 du Schoenenbourg tirèrent près de 16000 obus. Leur puissance de feu (jusqu’à 30 coups/minute), leur précision, alliée à leur bonne tenue aux projectiles adverses (bombes de 540 kg et obus de 420 mm sur le Schoenenbourg) en firent des outils parfaitement adaptés à la situation du moment, ce qui ne fut pourtant pas le cas des anciennes tourelles transformées en armes mixtes.


Schoenenbourg bloc 3,
la tourelle éclipsée



Schoenenbourg bloc 3,
la tourelle en batterie



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