Les tourelles cuirassées


1890 - 97
A partir de cette époque, les progrès de la métallurgie française permirent de fabriquer des coupoles en acier d’une seule pièce. Les premiers aciers spéciaux furent réalisés en associant à ce métal du nickel et du chrome. ( En 1888, Montluçon conçoit des aciers au chrome. En 1890 Le Creusot réalise des aciers au nickel et l’acier au nickel-chrome est employé dès 1892 pour les réalisations de la maison St-Chamond ).

On poursuivit donc des études visant à mettre en place dans des tourelles à éclipse de diamètre réduit des pièces dont le calibre serait inférieur à 155 mm. On songe tout d’abord au canon de 57 mm Nordenfeld, dont on équipa tout de même 4 tourelles à éclipse dont 2 furent employées sur le gros fort d’arrêt de Manonviller lors des modernisations qu’il subit en 1892-93.

Mais en 1897, le canon de 75 mm de campagne fut adopté et celui-ci focalisa immédiatemment l’attention des fortificateurs.



Tourelle pour 2 canons de 75mm Mle 1985 du fort d'Uxegney



1980 - 1914
Donc, dès le début du siècle il est question d’employer le canon de 75 sous tourelle à éclipse. On étudia alors la construction d’une tourelle pour 2 tubes raccourcis, dont le mouvement serait assuré par un seul contrepoids . 1984 marque la fabrication en série de la tourelle de 75. Celle-ci est sans conteste une réussite technique pour l’époque.Elle affiche une vitesse de tir étonnante puisqu’elle pouvait débiter de 20 à 22 obus à la minute avec ses deux tubes. De plus,sa conception était robuste et sa manoeuvre facile.


58 tourelles de 75 furent mises en place dans les forts Séréde Rivières dont on poursuivait la modernisation. Ce sont d’ailleurs quelques exemplaires encore disponibles en 1930 qui furent implantés dans certains ouvrages de la Ligne Maginot, après modifications.

Toujours à la même époque, on adopta une tourelle de mitrailleuses destinée à la protection rapprochée des forts français. De très petite taille et de fonctionnement simple, cette tourelle abritait 2 mitrailleuses de 8 mm Hotchkiss placées l’une en dessous de l’autre, devant tirer alternativement pour éviter l’échauffement de leurs tubes. 91 de ces tourelles furent installées avant 1914.
Une tourelle de 75 coûtait à l’époque 125 OOO francs pour les cuirassements alors que la tourelle pour mitrailleuses revenait à 75 000 f.

Enfin on fabriqua également une tourelle à éclipse pour projecteur. De dimensions semblables à la tourelle pour mitrailleuses, celle-ci abritait un projecteur que l’on hissait à l’aide d’un petit monte-charge. Seulement 5 de ces tourelles furent réalisées et implantées dans certains forts (dont Frouard).

Comme il fallait également doter les forts Séré de Rivières de tourelles plus puissantes on réutilisa la tourelle à éclipse Galopin. Il s’agissait d’une nouvelle tourelle qui n’abritait plus qu’un seul tube de 155 mm. De diamètre plus réduit que les précédentes elles étaient ainsi moins vulnérables. Par contre, elles étaient toujours actionnées par le système à deux balanciers. L’avant-cuirasse était en acier et la coupole en nickel-chrome, de 30 cm d’épaisseur. Le pièce avait une portée de 7,5 km. A partir de 1987, 12 exemplaires sont construits et implantés dans les forts (Douaumont, Vacherauville, Rozelier, Moulainville, à Verdun ; Uxegney à Epinal, etc.,).



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