Inauguration d'une plaque commémorative le 11/09/99


EN HOMMAGE
AUX COMBATTANTS DE LA LIGNE MAGINOT
QUI ONT REMPLI LEURS MISSIONS ET RESISTE
BIEN AU-DELA DE L'ARMISTICE DE JUIN 1940


11 septembre 1999 - Dévoilement d'une plaque

au monument commémoratif du Schoenenbourg

Discours de M. Maurice Edard

Président de l'Amicale des anciens du secteur fortifié de Haguenau.

"Pour la nième fois, notre association a l'honneur de procéder au dévoilement d'une plaque rappelant les combats qui ont eu lieu durant la campagne de France. Mais ce jour, il ne s'agit plus de rappeler ceux qui se déroulèrent dans le SFH, mais de rendre un hommage à l'ensemble des troupes de forteresse qui combattirent en 1939/40, des soldats qui, depuis des décennies, font l'objet de critiques imméritées. Pour ce faire, nous avons pensé qu'une date anniversaire serait le bon choix.

Or, il y eut 60 ans en août dernier que les troupes de forteresse furent mises en alerte et regagnèrent leurs postes de combat, avec, toutefois, un peu moins d'espoir de se voir prolonger une situation internationale devenue de plus en plus pesante du fait des exigences renouvelées des Allemands. Ils ne furent donc pas surpris lorsque le 3 septembre on leur apprit qu'à partir de 17 heures la France serait en état de guerre avec ses voisins de l'est. Venait donc le moment de prouver que la Ligne Maginot, présentée par les médias et nos dirigeants comme le rempart aux invasions, était en mesure de faire échec à toute attaque surprise, permettant au Haut Commandement de prendre les mesures pour assurer la mobilisation et la mise en place du corps de bataille.

Il est permis de penser que la présence de cette fortification fut positive, puisque ce n'est que le 10 mai 1940 que fut déclenchée l'offensive par la Wehrmacht, dont l'Etat-Major, non désireux d'encourir un échec, préfera passer par la Belgique, la Hollande et les Ardennes... Oh ! ce ne fut pas une surprise pour ceux qui n'ignoraient pas qu'environ 300 km de notre frontière franco-belge n'étaient que faiblement fortifiés. Par contre, ce le fut pour ceux qui n'étaient pas dans le secret, une ignorance qui, avec le temps, rendra service aux responsables de nos ennuis, qui se garderont bien de toute réaction lorsqu'on parlera d'une certaine responsabilité de la Ligne Maginot, avec l'espoir de lui faire porter le chapeau de la défaite.

Oui, elle fut contournée et, au cas où ses ex-locataires l'auraient oublié, un grand nombre de nos concitoyens (et pas des moindres) se fait un devoir de leur rappeler, en donnant leur conclusion, qu'elle n'a servi à rien. Mais ces dénigreurs paraissent oublier que ce contournement était prévu. Ils oublient aussi que, dès que l'adversaire eut la certitude que la victoire ne pouvait lui échapper, certains de ses généraux eurent (peut-être par ambition) un fort désir de passer à l'attaque de notre fortification. Prétendre que ce fut un grand succès, je ne le pense pas réellement, car ceux obtenus ne le furent qu'à la suite du retrait des troupes d'intervalles qui, le 13 juin 1940, avaient reçu l'ordre de se replier soit sur le canal de la Marne-au-Rhin, soit sur les Vosges. Il est vrai, lorsque l'on aborde le cas de la Ligne Maginot, on oublie beaucoup de détails!

On ignore les combats de la Ferté, de Fermont, de la Verrerie, d'Oberroedern, etc... et, aussi, que les ouvrages ne bénéficiaient pas de la protection d'artillerie et n'arrêtèrent les combats qu'après utilisation de tous les moyens mis à leur disposition. En ce qui concerne les troupes d'intervalles, il est bon de rappeler leur intervention dans la Sarre en 1939 et leur résistance de juin 1940 à nouveau dans la Sarre (une victoire ignorée), leurs combats sur le canal de la Marne-au-Rhin et dans les Vosges, etc. On oublie aussi que la résistance de la Ligne Maginot immobilisa près de 200 000 Allemands. Enfin, la frontière des Alpes ne fut pas violée malgré le rapport des forces en présence (600 000 Italiens sur un front contre 180 000 Français sur deux fronts).

Les anciens de la Forteresse n'ont pas la prétention de se prendre pour des héros, mais refusent très catégoriquement que l'on considère leurs combats comme étant une déconfiture.

Si déconfiture il y a eu, il faut la rechercher dans les hauts-lieux qui appliquèrent une politique, dont les soldats français furent les victimes, une politique qui, en outre, ne sut pas bénéficier de l'existence de la Ligne Maginot. Ce qui est certain, c'est, quoique invaincus, 25 000 hommes des troupes de forteresse furent considérés comme PRISONNIERS DE GUERRE APRES L'ARMISTICE par un adversaire vexé de n'avoir pu les vaincre. Les combattants ayant appartenu à la forteresse n'ont donc pas à baisser leur tête, bien au contraire, ils doivent la garder haute, ils n'ont pas démérité car, malgré la gravité de la situation et la certitude de ne pouvoir compter sur aucun secours, ils ont accompli leurs missions et exécuté les ordres qui leur ont été donnés. Aussi, et avec regrets, ils constatent qu'ils n'occupent toujours pas, dans les mémoires, la place et le respect qui leur sont dus.

En conclusion, les troupes de forteresse sont victimes d'une désinformation orchestrée, qui a pour but de masquer la vérité. Notre amicale a donc estimé de son devoir, de graver cette vérité dans le bronze de la plaque qui sera dévoilée ce jour. Evidemment, elle souhaite que son existence soit un atout dans la politique de vérité menée à ce jour par l'AALMA au bénéfice de l'histoire militaire française.


Les allocutions :












La plaque :




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