Association des Amis de la Ligne Maginot d'Alsace


RETROSPECTIVE SUR LES TRANSFERTS DE MATERIELS
D'ORIGINE DE LA LIGNE MAGINOT A DESTINATION
DU FORT DE SCHOENENBOURG
ET DE LA CASEMATE ESCH

 

INTRODUCTION

1978 - les premiers visiteurs du fort de Schoenenbourg découvrent un ouvrage bien vide : le mobilier a presque entièrement disparu, plus de chaises ni de tabourets, ne reste qu'une seule table métallique dans le haut du bloc 5. Des lavabos ont été démontés, peu de prises de courant ou téléphoniques subsistent. 

Il ne reste plus un casier à obus dans les soutes à munitions. Du matériel ferroviaire de voie de 60 cm interne, on ne retrouve que trois wagonnets de type Nord-Est. Les locotracteurs Vétra ont été emportés, et par ailleurs, le fil d'alimentation des locotracteurs, dit "fil de travail", ainsi que les suspensions caténaires ont été dérobés au milieu des années 1980.

Il manque les éléments de pointage et un certain nombre de pièces sur les tourelles à canons. L'atelier des électromécaniciens est quasiment vide et tout l'outillage a disparu. Sans compter les vols de cuivre qui ont eu pour conséquence le dépouillement de presque tous les tableaux de distribution d'électricité. Les groupes électrogènes sont dans l'incapacité de fonctionner, beaucoup de pièces essentielles ayant été volées ou démontées.

Alors pourquoi un tel état, alors que l'on sait que les gros ouvrages lorrains ont conservé la plupart de leurs matériels ?

 

LES CAUSES DE CE DEPOUILLEMENT 

La première est que l'ouvrage d'artillerie de Schoenenbourg, comme d'ailleurs ses voisins le Hochwald et le Four à Chaux, ont été consciencieusement vidés de leurs matériels par le génie militaire, après la décision de l'arrêt de leur entretien dès 1961, et surtout l'abandon définitif de 1968. Nul ne sait aujourd'hui pourquoi les militaires ont procédé de la sorte en Alsace alors qu'en Lorraine ils se sont contentés de fermer les gros ouvrage à clé, sans faire de gros prélèvements.

La seconde vient de ce que le Schoenenbourg a été accessible de 1945 à 1947, car ses entrées avaient été dynamitées et pouvait y accéder qui voulait, jusqu'à sa fermeture lors du début des travaux de réparation. Dans les années 1980, certains habitants des localités proches racontaient encore comment ils avaient fait main basse sur l'outillage, les robinets en laiton, des pompes à eau, etc.

La troisième s'explique par l'action des ferrailleurs qui ont forcé les issues de secours dans les années 1980. En emportant des éléments en cuivre, ces derniers ont endommagé, souvent très sérieusement, les systèmes électriques qui ne pouvaient être remplacés que par des systèmes analogues qu'il faudrait nécessairement prélever dans des ouvrages similaires de la Ligne Maginot.

 

LES RECUPERATIONS

Afin de remettre en état le Schoenenbourg, qui a joué un rôle très important dans la bataille du secteur fortifié de Haguenau, et qui, de ce fait est devenu le fort de la Ligne Maginot le plus bombardé, il fallut récupérer les matériels qui avaient été emportés, volés ou endommagés. C'est pour cela que les opérations de rapatriement de ces matériel furent très vite appelées "récupérations". 

En 2001, le fort de Schoenenbourg a quasiment retrouvé tous ses éléments d'origine et il est sans nul doute le plus complet des ouvrages ouverts au public.

Ces récupérations ont chacune leur histoire particulière, et furent à chaque fois une véritable aventure dont les participants sont aujourd'hui encore très fiers, et qu'il aurait été dommage de laisser tomber dans l'oubli.

Photos et textes émanent pour la plupart de la collection personnelle de Jean-Louis Burtscher, secrétaire général de l'association, collection devenue entre-temps propriété de l'Association des Amis de la Ligne Maginot d'Alsace.


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