Qualité de la Fortif.



Dispersion des blocs actifs :

Le relevé des impacts établi par Brice (commandant du génie du Hochwald) montre qu’un même tir allemand, d’avion ou de canon, ne pouvait atteindre qu’un bloc. Cette disposition a été un succès.


Surpression :

Elle a bien fonctionné selon les prévisions de la CORF. Son seul défaut est la difficulté de manœuvre des portes de sas. Malgré tous les soins de nos spécialistes et des électromécaniciens, il fallait une équipe de durs pour les manœuvrer. La CORF a en effet voulu assurer la continuité du rail et non celle du joint. C’est un inconvénient mineur ; les meilleurs bureaux d’étude commettent des erreurs.

Les gaz de nos cartouches ont parfaitement pris le chemin de l’extérieur sous l’effet de la surpression d’air pur constamment assurée. Par une imprudence lors du premier bombardement, (les curieux qui regardaient le duel inégal de notre fusil mitrailleur et des avions bombardiers avaient laissé ouverte l’issue de secours), les gaz d’explosion des bombes ont pénétré dans le bloc 1 le 19 Juin ; la ventilation normale les a chassés.


Emplacement de la caserne :

Elle est loin des blocs actifs, la CORF a tenu compte des leçons que la 1er guerre mondiale nous a enseignés à  Verdun. C’est peut-être justifié pour des bombardements de 155 ou de 210.

Le balancement du sol aux impacts de 420 ou de grosse bombe, très sensible aux avants dans les blocs de 4000 mètres cubes de béton, se perçoit moins aux arrières. Mais le bruit inquiète, les civils qui ont vécu sous les bombardements américains le savent.

Le 21 juin, vers 19 heures, un bombardement de 420 commença, à intervalle de temps de 7 minutes. J’étais au P.C. ; le personnel vaquait à ses occupations sans rire certes, mais sans trouble. Je partis aux arrières, ma montre sous les yeux : au premier coup j’étais dans la galerie ; le bruit m’a paru aussi intense qu’au P.C.

Au coup suivant, dans une chambre de repos de la caserne, les hommes entassés courbaient le dos et se regardaient. Ma voix leur fit du bien et je les rassurais sur la tenue des blocs  et ce qui était advenu aux camarades dans les blocs actifs. 


Film de propagande :

La Propagandastaffel est venu filmer sur Schoenenbourg la prise d’un ouvrage français dans le courant du mois de Juillet 1940. Avec des pétards, des Pionnieren, encadrés par un Leutnant blond, ont simulé des arrivées d’obus ou de bombes sur les blocs d’artillerie où il n’y avait plus aucun soldat français, tous emmenés à Haguenau déjà.

Les Sonderführer de la Propagandastaffel ont invité les officiers français, y compris le Commandant; nous étions 4 ou 5 à venir assister à la prise de vues ; un Stosstrupp d’une douzaine d’hommes progressait vers le bloc 6 avec des pétards qu’il a posé et fait éclater sur les cuirassements, ainsi qu’un drapeau à croix gammée déployé ostensiblement en fin d’exercice. La caméra, ses opérateurs et les Français formaient un groupe d’une dizaine de personnes près de réseau de barbelés.


Stukas :

A quelle altitude les pilotes allemands faisaient-ils leur manœuvre de « ressource » ? J’ai calculé d’après leur disparition derrière la crête du Hochwald qu’ils devaient descendre à 20 où 40 mètres du sol ; les hommes du bloc 1 clamaient « Nous avons vu la gueule du Fritz ». D’autre part ils ne descendaient pas en « Sturzflug » (piqué) en formation par trois, mais un par un, l’un derrière l’autre, chacun visant après que le précédent ait lâché ses bombes. 


Clocher d’Aschbach :

Un bon exemple des « hasards de la guerre » : Après l’évacuation des intervalles, quand les assaillants ont commencé les tirs des pièces baladeuses (88 Flak, etc ...), les chefs des casemates visées ont cru que la précision des tirs allemands était obtenue, non pas par une embuscade à courte distance, mais par un réglage obtenu depuis le clocher. Ils ont demandé aux canons de 75 de l’ouvrage de démolir le clocher. Il a été atteint certes, mais à cette distance de 6 Km, la dispersion des arrivées était trop grande pour un résultat concret.

Les Allemands circulaient, eux, dans le village et recevaient les coups dans les rues. Trois semaines après, un jeune officier allemand nous racontait à Schoenenbourg en gouaillant que les obus français prenaient les tournants en même temps que les voitures allemandes, ne sachant pas que les tirs français étaient réglés par des observatoires munis de périscopes, les occupants du village se sont persuadés qu’un observateur les regardait du haut du clocher et, sans chercher à le déloger, ils ont pris leurs canons de Flak pour démolir à bout portant l’édifice, à la très grande stupeur des artilleurs de Schoenenbourg.




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