La fortification


Dans l'enthousiasme, jeunes officiers du Génie, nous donnions affectueusement le nom de FORTIF aux casemates et aux ouvrages conçus et bâtis par la C.O.R.F. (Commission d'Organisation des Régions Fortifiées). Celle-ci a existé de 1927 à 1935.

Du vivant de Maginot, il y avait coïncidence entre cette FORTIF et la "ligne Maginot" dont elle sera ensuite la partie solide. Elle s'étendait de Dunkerque à Bonifacio, mais elle était malheureusement discontinue en raison de la limitation des crédits.

La C.O.R.F. a reporté de nombreux projets en seconde urgence, espérant qu'ils seraient dotés plus tard. Mais la guerre survenue en 1939 a tout arrêté. Dans son livre "La Ligne Maginot" paru aux Editions SERCAP, Jean-Yves MARY donne un inventaire des ouvrages et casemates de la FORTIF en service en 1939.

C'est une fortification "permanente", c'est à dire voulue et bâtie en temps de paix par le pouvoir civil pour contribuer à la protection du territoire national. Son fondateur fut Paul Painlevé, ministre quasi-continu de la Guerre de 1925 à 1929. Il fit étudier la défense par deux commissions successives de généraux qui procédèrent à des échanges de vues; il y avait deux motifs à cette attitude d'expectative, d'abord la pauvreté de l'Etat, et ensuite la protection assurée au territoire par l'occupation de la Rhénanie.

Pour éviter l'envahissement comme en 1914, il fut décidé que, dans le nord-est, la ligne de défense suivrait la frontière, celle de 1815. La tâche était ardue car son tracé avait été choisi au Congrès de Vienne pour défavoriser la défense française. Cette frontière n'avait jamais été fortifiée, comme l'avait été depuis Vauban celle d'avant 1814.

Painlevé créa en 1927 la C.O.R.F. pour étudier et estimer le prix  de la fortification à construire.

Dans le nord-est, les bureaux d'études et de construction furent de puissantes Directions et Chefferies de Travaux de fortification.

Dans les Alpes, sauf deux exceptions, la ligne de résistance suivit des crêtes-frontières déjà organisées depuis 1882 d'après les plans laissés par Séré de Rivières. Les Italiens ne pouvaient amener d'artillerie lourde,  les éventuels "obus-torpilles" seraient moins redoutables que dans l'Est. 

La C.O.R.F. conçut un barrage de vallée en amont de Modane, et créa surtout des ouvrages interdisant les cols les plus accessibles aux véhicules et aux skieurs. Selon la longue tradition des troupes alpines, une partie des travaux étudiés par le Génie furent exécutés par la main d'oeuvre militaire, ce qui allégeait la tâche du Génie.

Pour tous motifs, le génie créa pour les études et les travaux, de simples annexes des Chefferies existantes.


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