La C.E.P.A.R.F.


Après la C.O.R.F, une Commission d'Etudes Pratiques d'Artillerie des Régions Fortifiées a déterminé comment tirer le meilleur parti des bouches à feu que l'artillerie étudiait et fabriquait pendant que le génie construisait les galeries et les blocs. Elle siégea à Metz sous la présidence du général MENJAUD et détermina les méthodes de tir que devaient mettre en oeuvre depuis 1934 les régiments d'artillerie de forteresse. 

Je n'ai trouvé à Vincennes que quelques papiers épars dans le carton d'archives de la C.E.P.A.R.F. Peut-être l'exploration à Chatellerault des archives de l'Artillerie, préciserait-elle l'importance de l'influence du général Menjaud sur la précision des méthodes de tir.

 

Comment utiliser les armes de la FORTIFICATION :

L'infanterie de forteresse pratiquait le tir direct. Les canons l'auraient pu aussi en se servant de la lunette de pointage de chaque arme; mais le défilement réciproque du pointeur et de l'objectif ennemi rendait peu fréquent le recours à cette méthode.

Pour ses mitrailleuses, l'infanterie a muni leurs affûts de cames découpées pour régler le pointage en hauteur selon la direction du tir; la came donnait aux mitrailleurs le moyen de faire du tir rasant la nuit, dans le brouillard ou dans le tumulte du combat. Ce qui fut possible pour les mitrailleuses ne semble pas convenir aux canons car les obus suivent des trajectoires dont la flèche dépend de la vitesse initiale.

Les observatoires des Alpes ont utilisé les photographies panoramiques, graduées en gisement et sites; j'ignore dans quelle ampleur elles ont été employées dans le Nord-Est.

Le commandant Rodolphe a relaté dans COMBATS SUR LA LIGNE MAGINOT comment il avait fait calculer des tirs de barrage d'obus fusants hauts devant le nez des avions allemands d'observation et de bombardement quand nous pouvions prévoir leur parcours.

J'ai aussi vu au P.C. d'Artillerie de l'ouvrage de Schoenenbourg comment nous déclenchions des tirs numérotés dont les éléments de tir étaient calculés à l'avance. Ce fut le cas lors du retrait du PA7 la nuit du 17 juin, Rodolphe en parle.

Le lieutenant Meyer qui commandait l'avant-poste nommé PA7 avait tracé sur la carte les zones à bombarder pour l'encager. Il téléphonait ou lançait une fusée lorsqu'il voyait les Allemands patrouiller dans le champ à proximité de lui. Ce que ne relate pas le commandant Rodolphe, c'est l'ambiance de calme qui régnait dans le P.C. d'artillerie de Schoenenbourg, à minuit pendant l'opération.

La lumière était tamisée et chacun parlait à voix basse pour ne pas réveiller les hommes au repos dans leurs hamacs. Le commandant REYNIER, vieux baroudeur expert en coups de main et le capitaine CORTASSE commandant l'Artillerie de l'ouvrage, l'officier directeur du tir se concertaient sur la carte.

Le canonnier de service au téléphone conservait le contact avec le PA7, deux autres canonniers attentifs étaient prêts à inscrire et à transmettre les ordres. A trente mètres sous terre, un visiteur n'aurait pas imaginé que nous assurions la protection de Français exposant leur vie à sept kilomètres de distance.


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