Edouard TERNOIR - La Casemate Aschbach Ouest


Les troupes qui tenaient les avant postes du sous-secteur de Hoffen faisaient partie du corps franc du 79ème RIF. Elles étaient commandées par le lieutenant Beck qui avait comme adjoint un sergent-chef de réserve : Marcel Bigeard, le futur général Bigeard qui parle de cet épisode dans son livre «  Pour une parcelle de gloire ». Il avait alors déjà une réputation de baroudeur .

Les allemands ont profité du retrait des troupes d’intervalle pour attaquer, uniquement pour la gloire, dans de nombreux secteurs. Convaincus de pouvoir occuper les lieux sans grand mal, il ont attaqué les casemates d’Aschbach et Oberroedern le 19 juin par l’infanterie et surtout par les Stukas. Ils ne sont pas passés. En se retirant, après 6 heures de combats, ils ont abandonné huit morts sur place. Ceux-ci avaient apporté avec eux un grand drapeau à croix gammée, dans lequel l’équipage d’Aschbach Ouest les a enterrés en leur rendant les hommages militaires. Au cours de cette attaque, les artilleurs de Schoenenbourg ont été d’une très grande efficacité et les biffins leur doivent un grand merci.

Un gradé débrouillard d’Aschbach Ouest avait réussi a faire fonctionner son poste radio. Le personnel était donc au courant de ce qui se passait sur le territoire français. Il a même eu connaissance de l'appel du 18 juin lancé depuis Londres par le général De Gaulle.


La casemate Ascbach Ouest


Les jours qui suivirent étaient calmes et les équipages vivaient dans l'attente "gardant le doigt sur la détente" prêts à reprendre le combat. Personne ne se considérait vaincu. On avait encore des munitions et de la nourriture. Il n'y avait que le sel qui nous manquait. La réserve de sel était remplacée régulièrement. Le lot avait été retiré mais l'intendance n'a pas eu le temps de le remplacer. Un petit détail qui nous ferai rire actuellement. Puis les jours passèrent, c’était l’incertitude pour tout le monde. Finalement les Allemands tranchèrent net par cet avertissement : « La non reddition sans condition constituerait une violation du traité d'armistice et entraînerait immédiatement la reprise des hostilités ». C’était clair.

Le 2 juillet au matin près de 5000 hommes du secteur fortifié de Haguenau ont quitté leurs positions sur ordre du commandement français pour rejoindre Haguenau où le 4 Juillet, le sinistre Robert Ernst, un renégat Alsacien, ancien expulsé en 1919 à fait le tour des casernes pour leur annoncer qu’ils étaient prisonniers.

Sur ordre du colonel Schwartz la mention ci-après a été portée au livret militaire :

 

« Maintenu sur les positions sept jours après l’armistice »

A déposé les armes sur ordre formel du Commandement Français »

« Non prisonnier à l’armistice »

« Interné par les Allemands à Haguenau le 2 Juillet 1940. »

 



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