Bulletin 1 de 2000


Editorial

TOUT ARRIVE UN JOUR

Fin 1982, quand le président Claude Damm signa la première convention d'occupation du domaine militaire, donc de l'ouvrage de Schoenenbourg, nul ne pouvait présager que dix-neuf années plus tard, le fort allait être vendu aux communes. C'est donc avec surprise que nous découvrions, en 1997, que le ministère de la Défense allait se défaire de la plupart des ouvrages importants de la Ligne Maginot. Il y avait bien eu quelques précédents dans les Alpes, mais le phénomène n'avait pas encore touché le Nord-Est, hormis le gros ouvrage du Kobenbusch qui avait été cédé à l'EDF, lors de la construction de la centrale nucléaire de Cattenom.

Ce 4 septembre 2001, le Schoenenbourg eut le privilège d'être le premier ouvrage d'artillerie vendu entre le Rhin et la frontière belge. D'autres suivront (Galgenberg, Four à Chaux, etc) . Car l'armée, la grande muette, avait décidé de ne plus être la grande immobile. En haut-lieu, on avait enfin compris que la possession des vieilles pierres et des vieux bétons n'avait plus de sens, car on ne pouvait plus les préserver, ni les entretenir.

Alors, autant les céder à ceux qui en feraient bon usage et qui pourraient valoriser les plus significatifs. Nombre d'associations étaient dans ce cas et L'AALMA était à la pointe de celles-ci. Comme quoi, tout arrive, même l'impensable. C'est arrivé chez nous, et j'en suis encore tout ému.

Jean-Louis Burtscher

 

FORT DE SCHOENENBOURG :

CHANGEMENT DE PROPRIETAIRE

Mardi 4 septembre 2001, salle de réunion de la sous-préfecture de Wissembourg. Notre président, Marc Halter, est conscient que les quelques minutes à venir feront date dans la vie de notre association.

Près de lui sont assis le maire de la commune d'Ingolsheim, M. Nussbaum, et le maire de la commune de Hunspach, M. Billmann. Ceux-ci s'apprêtent à signer le protocole d'achat du fort de Schoenenbourg, dont le vendeur est bien sûr l'Etat, représenté par madame Dubau, déléguée par les services fiscaux de Strasbourg, et M. Bourin, délégué du génie militaire.

La réunion est animée par M. Tressard, sous-préfet de Wissembourg, qui suit depuis sa prise de fonction, et avec une attention toute particulière, les étapes de la vente. Sont également présents le conseiller général Jean-Laurent Vonau, le député François Loos, et notre ancien président, Claude Damm.

A 10h15, vendeur et acheteurs paraphent l'acte de cession, les nouveaux propriétaires du Schoenenbourg sont désormais les communes de Hunspach et d'Ingolsheim. Bien que juridiquement non concerné par ce transfert de propriété, notre président a été invité à assister à cet événement. Car ce qui en d'autres circonstances aurait pu être une banale acquisition de prairies, de forêts et de souterrains indésirables, a pris une toute autre dimension par l'action de l'AALMA. Car toutes les personnes présentes à cette réunion savent bien qu'en oeuvrant au Schoenenbourg depuis 1982, notre association a valorisé ce qui allait devenir, au fil des ans, un des plus importants lieux de mémoire de toute une région, et par là même, un des tout premiers objectifs touristiques du département. La présence de notre président est alors éminemment significative, car révélatrice de la reconnaissance de notre action et de nos orientations.

La concrétisation de la vente est alors un soulagement pour Marc Halter, qui s'est beaucoup investi dans la préparation de cet acte. Car il était aussi de notre intérêt que tout se passe le mieux possible. Ainsi, depuis le début du processus, il assista à de multiples réunions (ce qui sous-entend de nombreux déplacements entre Vendenheim et le nord de l'Alsace). Il eut à maintes reprises l'occasion de déployer ses talents de médiateur entre les communes et l'administration.

Il n'eut de cesse de relancer cette dernière, que ce soit à Paris ou à Strasbourg. Il intervint plusieurs fois auprès du ministère de la Défense, soutenu en particulier par M. le député François Loos. Ces démarches eurent pour effet de nous rapprocher des communes et de leurs représentants, et de préparer, en toute quiétude, le bail qui nous concédera l'exploitation de l'ouvrage pour 49 ans. Beau travail, monsieur le président !

 

LE MOMENT DE FAIRE UN BILAN

Au moment où le Schoenenbourg quitte le giron militaire, il nous semble utile de faire le bilan de ce que notre association y a consacré et y a investi. Ainsi, entre le 15 mars 1982 (début des travaux) et le 31 décembre 2000, nos membres ont réalisé : 61 650 heures de travail bénévole (ne sont pas comprises les heures bénévolement consacrées à la prise en charge du public, qui représentent environ 40 000 heures). 6 383 875 francs d'investissements (973 151 euros) dont : 3 082 500 francs en heures de travail (au SMIC), 3 301 375 francs en argent investi.

Durant cette période, l'association a accueilli 365 000 visiteurs au fort de Schoenenbourg. Rappelons aussi qu'au fil des ans, l'ouvrage est devenu la première destination touristique du canton de Soultz-sous-Forêts. Pour devenir crédible dans le paysage touristique et faire face au nombre croissant de visiteurs, notre équipe dirigeante a dû s'adapter et embaucher 6 personnes, dont une à temps complet, les cinq autres l'étant pour les sept mois de la saison touristique. Sur le plan muséologique, le fort de Schoenenbourg est devenu un exemple en la matière.

Les innombrables appréciations élogieuses recueillies journellement dans le livre d'or en sont la meilleure preuve. Par exemple, le 28 août, une jeune fille, Lolita Garreau, écrit à l'issue de la visite "Là, c'était le meilleur moment de mes vacances, c'était trop bien". Edifiant ! Quelques jours plus tôt, un autre touriste écrivait : "j'ai visité tous les sites de la Ligne Maginot, et bien d'autres sites fortifiés, le vôtre a été le plus pédagogique". Enfin, sur le plan patrimonial, il n'est pas inutile de mentionner que le fort est le seul à être inscrit en totalité à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, grâce à notre savoir-faire, bien sûr, et à la rigueur de nos travaux de rénovation.

Rappelons que ce temps, cet argent et cette énergie ont été investis par des bénévoles, sur leur temps libre, pour restaurer et valoriser un immeuble ayant jusqu'alors appartenu à l'Etat. Pour récompenser tant d'efforts bénévoles, l'Etat a "gratifié" notre association par l'imposition d'une redevance sur la billeterie dont le montant total payé à ce jour est de 797 674 francs (121 596 euros).

De ce fait, nous étions passés du statut de purs bénévoles à celui de bénévoles vaches-à-lait. Ainsi, en cumulant le montant des investissements et celui de la redevance, nous arrivons à un total de 7 181 549 francs (1 094 748 euros). Tel est alors le montant de la somme consacrée (hors chiffres 2001) à l'ex-immeuble militaire du fort de Schoenenbourg. Tel est donc le bilan de notre association à l'heure de notre changement de propriétaire. Un bilan où tous les membres de l'AALMA, administrateurs, travailleurs, guides, sans oublier les salariés, pourront reconnaître leur part d'effort et, quelquefois, d'abnégation. Ils peuvent en être fiers.

 

LA VIE DE L'ASSOCIATION

15 mai 2001 :
L'adjudant Simon, délégué par l'Etat-Major de Metz, a eu pour mission de faire l'inventaire de toutes les armes de guerre pouvant se trouver dans l'ouvrage de Schoenenbourg. Ceci,bien entendu, dans la perspective de la vente du fort. Car l'armée a récemment découvert que des armes lourdes, comme des canons et des obusiers, (exposés en majorité au public depuis bien des années, dans bon nombre de sites), pouvaient subsister dans les ouvrages dont elle songe à se défaire. Cet intérêt bien tardif peut sembler bien curieux, car nombre d'ouvrages ont été vendus avec leur armement lourd, sans que personne ne s'en émeuve.

On peut comprendre que l'armée cherche une solution pour les canons des ouvrages complètement délaissés, mais de là à s'inquiéter pour ceux ouverts au public ! Aurait-on peur que nous pratiquions le terrorisme à coups de 75mm, modèle 1932 ? Ou serait-ce une ultime manière d'embêter les associations qui ont sauvegardé ce patrimoine , alors que l'armée n'a pas su le faire ? Car tous les gros ouvrages de la Ligne Maginot ont eté soumis à cet inventaire et tous les dirigeants d'associations de sauvegarde sont dans l'expectative. Pour notre compte, conformément aux textes de loi, nous avons déclaré les canons à l'autorité compétente.

Samedi 26 mai : Un groupement de collectionneurs de véhicules automobiles Hotchkiss visite le Schoenenbourg, non sans avoir auparavant aligné sur le terre-plein de l'entrée des munitions une série de voitures anciennes plus rutilantes les unes que les autres. On connaissait bien les mitrailleuses et les chars Hotchkiss, largement utilisés dans l'armée française en 1940, mais beaucoup moins la production automobile de ce constructeur, qui se poursuivit entre 1928 et 1954. Il va sans dire que bénévoles et visiteurs étaient ravis. Mai 2001 La préfecture du Bas-Rhin nous avise que le ministre de la Défense a signé l'acte d'aliénation du fort de Schoenenbourg dans la journée du 26 avril. Le dossier de la vente est entre-temps arrivé aux services fiscaux de Strasbourg, pour y être finalisé.

Samedi 9 juin :
Un exercice de manipulation d'extincteurs à l'attention de nos membres actifs a lieu à proximité de l'entrée des munitions du fort. Une dizaine de personnes participent à la manoeuvre.

Samedi 23 juin :
Une délégation de l'AALMA se déplace au petit ouvrage de Bois Karre, où a lieu une réunion du conseil d'administration de la fédération des associations de sauvegarde de la fortification.

Juin 2001 :
200 militaires du 5e régiment du génie visitent le fort de Schoenenbourg. Les groupes constitués sont étalés sur plusieurs journées.

Juin :
Parution, dans la publication "Saisons d'Alsace", d'un article sur double page intitulé "Au coeur de la Ligne Maginot, rafraîchissez vos connaissances historiques", dont la plus grande part du contenu est consacré à notre ouvrage. L'article est signé par Jacques Fortier, qui est un des journalistes les plus en vue au quotidien "les Dernières Nouvelles d'Alsace". Celui-ci cite : "Pour le grand public, la vraie cathédrale souterraine de la Ligne Maginot, c'est le fort de Schoenenbourg". Qui dit mieux ?

11 juillet :
Dans le cadre des animations du parc régional des Vosges du nord, a lieu une visite commentée des dessus de l'ouvrage de Schoenenbourg. Pratiquée sous forme de randonnée pédestre, cette visite guidée a été concluante, et pourra, dans des circonstances exceptionnelles, être reconduite...à condition qu'il ne pleuve pas et que le chemin soit sec.

Jeudi 12 juillet :
Visite, au Schoenenbourg, du chef d'Etat-Major de l'armée thailandaise et de deux de ses généraux. Deux généraux français et plusieurs officiers supérieurs étaient de la partie. De plus en plus, notre ouvrage devient un lieu de mémoire recommandé par l'armée française, qui peut sans crainte de décevoir, amener des délégations étrangères souvent hautement intéressées par cet imposant système de défense dont la France s'est dotée il y a soixante dix ans. Il y a bien une raison à cela, puisque l'armée s'est désengagée de l'ouvrage du Simserhof, qui était son propre musée de la fortification. Ce n'est pas la future mise en scène virtuelle, en cours d'élaboration dans cet ouvrage, qui pourra restituer l'atmosphère et l'ambiance si particulières de la Ligne Maginot.

Juillet 2001 :
Remise du complément d'étude de l'inventaire de la Ligne Maginot dans l'arrondissement de Wissembourg. En définitive, 240 ouvrages ont été rencensés sur 29 bans communaux (à l'exception des trois gros ouvrages, (Hochwald, Schoenenbourg, Four à Chaux) non compris dans le cadre de cette étude).

A titre indicatif : 53% de ces ouvrages sont des propriétés privées 35% sont des propriétés communales 12% sont des propriétés publiques, car 18 d'entre-eux appartiennent à l'ONF, 4 sont des propriétés militaires, 2 sont propriétés du Département.

Chaque édifice fortifié a fait l'objet d'une fiche descriptive, d'un relevé de localisation, d'un extrait cadastral, et, en majorité, d'une ou de deux photos. Le tout a rempli quatre classeurs. Rappelons que le fruit de ce travail sera archivé dans le fonds documentaire de la direction régionale des Affaires Culturelles de Strasbourg, et qu'il servira de base de travail pour un éventuel classement des sites les plus marquants. Rappelons aussi que notre association a bénéficié, pour le concours apporté à cette opération sous forme de l'embauche d'un chargé de mission pendant cinq mois, d'un exemplaire de cet inventaire.

Août 2001 :
Publication, dans le numéro 185 de la revue de chemins de fer "Voie étroite", d'un article consacré à la récente rénovation d'une partie du matériel roulant interne au fort de Schoenenbourg. Son auteur, le secrétaire général de notre association, y retrace l'historique quelque peu mouvementé du matériel roulant pour voie de 60 présent actuellement dans le fort. Cet article est également consultable, depuis peu, sur notre site Internet "lignemaginot.com", sous la rubrique "Fort de Schoenenbourg"..

Samedi 25 août :
Séance de prises de vues, au fort de Schoenenbourg, par des reporters de la chaîne de télévision suisse DRS. Dans le cadre d'une émission scientifique portant sur la mémoire, cinq minutes d'écran seront consacrées à la mémoire collective, personnifiée par l'action de notre association. Plusieurs bénévoles furent conviés à être les acteurs de leur propre engagement.

Mercredi 29 août :
Début de prises de vues par les reporters de la chaîne de télévision japonaise NHK. Cette chaîne culturelle de grande audience avait demandé "l'autorisation" de filmer, alors que pratiquement toutes les autres équipes de télévision s'invitent toutes seules à le faire. On reconnaît bien là l'esprit japonais. A ce propos, il est opportun de relever que le Schoenenbourg a été filmé de multiples fois par des équipes de reportage issues de nombreux pays étrangers. Hélas, nous attendons toujours qu'une grande chaîne nationale vienne y tourner une émission sérieuse sur la Ligne Maginot.

Août 2001 :
Devant l'affluence grandissante de visiteurs italiens, les textes de la quarantaine de panneaux explicatifs jalonnant le parcours interne du fort de Schoenenbourg ont été traduits dans cette langue. Sur leur demande, ces touristes peuvent disposer d'un fascicule leur permettant de recevoir autant d'informations que les visiteurs français, allemands ou de langue anglaise. A noter que les mêmes textes seront inclus sous peu dans notre site Internet, et que les Italiens pourront également bénéficier de la visite virtuelle du fort, commentée dans la langue qui leur est familière.

 

TRAVAUX AU SCHOENENBOURG

Le mois de mai a vu l'achèvement du chantier de peinture de la gare avant et de la galerie de liaison à destination des blocs 5 et 6. Dans la foulée, nos bénévoles entreprirent de repeindre la soute à munitions ou est exposé le Sulzer du Hochwald, et qui est destinée à devenir une extension de notre exposition de matériel électro-mécanique de la Ligne Maginot. Sous la voûte, le réseau de monorails Tourtelier sera nettoyé et préservé par une solution grasse. Puis vint le moment de s'attaquer au Sulzer lui-même. La grosse machine à six cylindres, prolongée par la volumineuse génératrice, n'avait rien de très attrayant.

Elle était incomplètement remontée et bien terne sous la couche d'huile figée qui avait fini par imbiber ses organes au cours de décennies de fonctionnement. Nos bénévoles entreprirent de la dégraisser et de remonter les éléments manquants. Avant la fermeture des trappes de visite, tous les organes internes furent badigeonnés de graisse. Puis vint la mise en peinture. Rapidement, la masse inesthétique reprit des couleurs : rouge pour la distribution du gasoil, bleu pour le circuit de refroidissement, jaune pour le circuit de graissage, vert pour l'air comprimé. A la fin du mois d'août, la bête avait retrouvé toute sa splendeur, tout comme la génératrice qui avait été peinte en gris clair.

Entre-temps, nos bénévoles avaient amené l'ancien transformateur de 200 kva de la cellule haute tension, située au pied de l'entrée des hommes. Bien que datant de la rénovation de 1950, le gros engin avait été désaffecté lors de la remise en état de la cellule, en 1984, et transporté quelques mètres plus loin. Décision fut prise de l'ajouter à l'exposition du bloc 4, encore fallait-il le transporter jusque-là. Ce ne fut pas une mince affaire. A son tour, il subit une cure de jouvence avant d'être installé dans le prolongement du Sulzer. On intercala d'ailleurs un transformateur plus modeste, histoire de bien présenter le cyle de la transformation et de la production d'énergie.

Puis ce fut le tour des bouteilles d'air comprimé, repeintes et fixées au mur près du Sulzer. On y releva la date du premier contrôle de conformité, qui se déroula le 19 mai 1934. A ce stade, l'ébauche d'exposition avait déjà fière allure, et les visiteurs s'arrêtaient souvent pour voir les bénévoles au travail. Comme l'objectif était aussi de remettre en valeur des éléments provenant de l'ouvrage du Hochwald, notamment ceux de la sous-station traction qui nous avait été offerte par le commandement de l'armée de l'air, on décida d'exposer également le tableau de distribution 4440/600 volts, ainsi que l'imposant groupe convertisseur de cette station.

Cette dernière phase débutera au moment où vous lirez ces lignes et s'achèvera sans doute vers la fin de l'année.

A quelques mètres de là, nos mécaniciens avaient entrepris de remettre en état et de graisser les organes mécaniques de la tourelle du bloc 5. Montée, descente, rotation, accouplements, réglage des évents, tout y passa. Il leur fallut plusieurs mois de travail pour remettre en fonction des mécanismes qui n'avaient pas été manoeuvrés depuis des dizaines d'années. Aujourd'hui, c'est chose faite.

Dans la galerie principale, d'autres bénévoles s'étaient attelés à la réduction des entrées d'eau indésirables. Un captage judicieux élimina le problème de la forte humidité engendrée par le forage des câbles téléphoniques, réalisé à mi-chemin entre l'égout et le PC principal. Ce forage dont l'émergence du tube est parfaitement visible à l'extérieur, n'avait jamais été utilisé et avait été colmaté par un bouchon en béton. Par contre, l'eau avait facilement trouvé son chemin et le local était continuellement inondé. Affaire réglée.

Plus près de la gare arrière, le forage d'entrée du cable 20 000 volts était également à l'origine d'importantes entrées d'eau. Dans l'impossibilité de les juguler, nos techniciens construisirent un bassin de rétention et de décantation, avec un écoulement directement relié à la canalisation. A ce jour, le local s'est asséché. Quel plaisir de voir cet endroit enfin sec. Un autre point noir était les débordements successifs de la canalisation allant du pied de l'entrée des munitions à la gare arrière. La réalisation d'une grosse opération de curage et d'assainissement devrait avoir des effets positifs dans ce domaine.

A l'extérieur, l'îlot central du terre-plein de l'entrée des munitions subit lui aussi une transformation de fond. En effet, le massif de plantes grimpantes de type "couvre-sol" ne remplissait plus vraiment son office, et les mauvaises herbes avaient fini par prendre de l'importance. Le massif fut rasé à l'aide d'une pelleteuse et doté d'un apport de terre arable. Le tout sera ensemencé avec des graines de gazon, de manière à être homogène avec l'îlot situé près de la route.

A l'entrée du terre-plein, la chaîne qui en barrait l'accès et qui avait été volée, a été remplacée par un système plus adapté, fait de deux potelets et d'un chaîne plus courte, et qui n'est plus un obstacle pour les visiteurs entrant nécessairement à pied sur le site.

 

UNE FORMIDABLE ET DISCRETE VICTOIRE

Les plus anciens membres s'en souviennent, les premiers visiteurs aussi ;en 1980 on visitait le Schoenenbourg équipé de bottes et muni de lampes de poche. Si l'épisode des lampes de poche s'est rapidement estompé par le rétablissement, en 1983, de l'éclairage électrique, celui des bottes allait être plus difficile à juguler. Les importants travaux des années 1983 à 1985 mirent fin à cette période, qui fit place à celle des "bonnes chaussures". Car il fallait se rendre à l'évidence, le fort de Schoenenbourg était un des plus humides de la Ligne Maginot.

Les travaux d'assainissement successifs, puis l'installation de deshumidificateurs sur le parcours visitable et même dans les blocs non ouverts au public, avaient fini par produire leur effet: le fort séchait d'année en année. Toutefois, le gros point noir était encore la grande galerie, humidifiée par des centaines de petites entrées d'eau. Cette galerie, longue de plusieurs centaines de mètres, avait été mal étanchée à la construction, où les importants problèmes d'eau handicapaient déjà l'avancée du chantier.

Vinrent ensuite les bombardements, qui provoquèrent là, comme dans l'ensemble du fort, de multiples fissures, autant de petites brèches génératrices d'humidité. Bref, la progression dans la galerie principale était encore une chose assez désagréable, tout était luisant d'humidité et le sol bien souvent glissant. Les longs travaux de colmatage et l'installation d'appareils de déshumidification dans le tronçon gare arrière-égout avaient produit un effet quasi miraculeux. L'infâme phénomène avait disparu.

Allait-il être de même dans le tronçon égout-gare avant ? Eh bien oui. En mai 2001, alors que les premiers visiteurs de cette saison commençaient à défiler dans les souterrains, cette galerie s'était elle aussi asséchée. Le grand jour était arrivé, celui, tant attendu, où l'on parcourrait le Schoenenbourg à pied sec, d'un bout à l'autre, en plein été (l'été est la saison où, par des causes naturelles, les souterrains sont les plus humides).

C'était la récompense de 19 années de combat. Dix-neuf années passées à lutter contre les éléments naturels, les insuffisances de la construction, les séquelles de la guerre. Bien entendu, tout n'est pas résorbé. Il reste bien par ci par là quelque petite flaque, dont il sera difficile de venir à bout, car émanant d'endroits impossibles à colmater, Il reste bien sûr à fermer la longue fissure engendrée par les bombardements, à proximité des deux entrées du bloc 3. Il reste bien des fissures génératrices d'humidité dans chaque bloc de combat, mais le plus important, le parcours où les touristes se déplacent est maintenant sec.

Ce fut un réel soulagement, et comme on s'habitue vite aux bonnes choses, la plupart d'entre-nous ont déjà oublié que nous avons pataugé, (heureusement chaque année un peu moins), pendant 19 ans. Ainsi, avoir gagné cette bataille contre l'humidité est une des plus grandes victoires de notre association en matière de conservation du patrimoine et de confort des visiteurs. Une victoire discrète, sans cérémonie, sans discours, sans champagne, mais une magnifique victoire.

 

TOUJOURS SUR LA LIGNE MAGINOT

- La casemate de Neunhoffen a été victime des abondantes précipitations du mois d'avril. A tel point que la zone inondable adjacente avait fini par déborder, et que l'eau avait envahi la casemate sur une hauteur de 70 cm. On peut facilement imaginer la surprise des bénévoles qui découvrirent leur musée littéralement noyé.

- Les Amis du site fortifié de Cattenom ont entrepris le débroussaillage de l'entrée des hommes de l'ouvrage du Kobenbusch. Une fois dégagé de la végétation qui le masquait presque entièrement, le bloc a révélé une architecture peu commune, d'ailleurs similaire à celle de l'entrée des munitions, qui avait été dégagée avec succès l'année passée.

- Les anciens du secteur fortifié de Haguenau se sont retrouvés le 19 mai en un lieu historique où eurent lieu les combats en 1940. Ils se sont rencontrés d'abord, pour leur assemblée générale en la salle de cinéma de la BA 901, à Drachenbronn, puis à Oberroedern, devant la casemate sud. Même si le nombre de participants se rétrécit d'année en année, leurs retrouvailles sont toujours l'occasion de rappeler qu'ils furent les acteurs et les témoins d'un moment de l'histoire de la France et de l'Alsace.

- La famille Keuer, dont les deux fils sont membres de l'AALMA, n'a pas fini de nous étonner. Après la mise en valeur d'un blockhaus à Louperhouse (Moselle), ils se sont attaqués à la réhabilitation d'un blockhaus de la Ligne Maginot aquatique, à Hoste, en hommage aux soldats de la 1ère division d'infanterie polonaise. Pour expliquer l'action de ces hommes qui ont permis le décrochage des défenseurs de la Ligne Maginot, lors de l'offensive allemande du 14 juin 1940, ils montèrent une exposition sur la trouée de la Sarre, qui se tint au centre culturel de Hoste. Devenu mémorial, le blockhaus de Hoste a été inauguré le 17 juin.

La manifestation où participèrent de nombreuses personnalités et élus, a bénéficié du concours du groupe de reconstitution de l'AALMA.

- Plus au nord, l'association "Maginot-Escaut" a développé son propre site Internet. Le bulletin d'information n°17 nous apprend que les nouvelles mentionnées dans leur publication sont désormais consultables sur leur site : http://perso.club-internet.fr/lenne-xavier/index.html.

 

ET ENCORE

Le prochain forum européen de la fortification se déroulera à Belfort les samedi 6 et dimanche 7 octobre. C'est l'association pour la sauvegarde des fortifications de Franche-Comté qui en assurera le déroulement. Celle-ci a prévu de donner une dimension particulière à cette manifestation, qui de "salon" devient "forum". Ainsi le samedi 6 sera consacré à la visite du fort du Mont Bart, du fort de Giromagny et du château de Belfort, avec ses plans relief.

Entre- temps, se dérouleront plusieurs conférences. A 18h30, une réception à l'hôtel de ville de Belfort sera donnée par M. Jean-Pierre Chevènement, maire de cette ville. Le dimanche verra l'ouverture au public du salon des exposants qui aura lieu au fort de Vézelois, qui durera toute la journée. A nouveau, des conférences auront lieu, ainsi que des visites de forts avoisinants.

Pour bénéficier de l'intégralité du programme de cette manifestation vraiment exceptionnelle, vous pouvez vous adresser à : Mme Christiane Gosset, 5 rue Duhamel, 90400 Danjoutin. Tél. 03 84 28 56 96 ou encore sous christiane.gosset@wanadoo.fr



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