Bulletin 2 de 2009


Editorial

LA MEMOIRE QUI S’EN VA

ET UN NOUVEAU CHALLENGE

Etait-ce écrit ou était-ce un simple hasard ? Trente années exactement après la création de notre association se sont produits deux événements majeurs qui sont : la disparition des derniers acteurs de l’histoire originelle de la ligne Maginot que furent les anciens combattants et le nouveau challenge que devra assumer notre association suite aux cinq mois et demi de fermeture de notre ouvrage et un redémarrage dans un contexte plus qu’incertain.

La mémoire s’en est allée, et nous l’avons particulièrement ressenti avec la disparition, en décembre 2008, du dernier ancien connu ayant vécu les événements de 1939/40 au sein de notre fort de Schoenenbourg. Il s’agit de M. Lucien Sahuc, qui était transmetteur au poste de commandement principal. Une seconde disparition allait nous affecter trois semaines plus tard. En effet, M. Maurice Edard, président de l’amicale des anciens combattants du secteur fortifié de Haguenau et de la ligne Maginot quittait ce monde. D’une autorité morale incontestable, rassembleur de tous ceux qui avaient traversé, dans le nord de l’Alsace, cette période agitée et quelquefois douloureuse, Maurice Edard avait toujours accordé un soutien sans faille à notre cause. Il avait pris d’affection ces « jeunes » qui avaient pris en charge des ouvrages entrés dans l’histoire de France et qui refusaient que la mémoire de ces faits soit reléguée aux oubliettes.

Là, une question se pose : avons-nous fait ce qu’il fallait pour préserver cette mémoire ?

Je pense que oui. Ainsi, nous avons diffusé sur papier et sous forme numérique nombre d'écrits traitant de la ligne Maginot et des événements qui s’y sont développés. Nous avons interrogé les anciens, écouté et noté leurs récits. D’ailleurs, presque tous leurs témoignages sont consultables sur notre site Internet. Le plus gros contributeur a été le colonel Stroh, qui a couché sur papier pas moins de 26 chapitres différents sur le sujet, dont 17 se rapportant directement au Schoenenbourg. Mais il y en a d’autres, dont celui de Lucien Sahuc qui nous a légué un récit fort intéressant. Sans compter les témoignages concernant d’autres secteurs fortifiés et la reprise de chapitres consacrés au Schoenenbourg par le Lt-colonel Rodolphe.

Bien-sûr, nous aurions pu en faire plus, mais n’oublions pas que pendant trente années nous étions principalement absorbés par la remise en état du fort, son développement touristique, par les relations avec les nombreuses autorités d’abord militaires puis civiles, par la cohésion et la gestion associative, la création et la gestion d’emplois, etc. Un travail gigantesque, effectué bien entendu durant notre temps libre, tout en assumant notre vie familiale et professionnelle.

A l’heure actuelle, aucune autre association n’a fait mieux. Non, l’AALMA n’a pas à rougir en matière de devoir de mémoire.

Le second événement a été la réouverture du fort qui était totalement inaccessible aux visiteurs pendant 5 mois, mais qui en réalité était livré aux entreprises 6 mois durant. Au terme de ces travaux de mise en sécurité, d'un niveau jamais atteint dans la ligne Maginot, nous entrions enfin dans l'ère de la légalité alors que pendant 27 ans nous y étions seulement en marge, tout en bénéficiant d'une tolérance qui pouvait s'arrêter d'un instant à l'autre.

Nous voici donc confrontés à un nouveau départ qui devrait s'annoncer joyeux puisque enfin tout est en règle et que comble du bonheur, nous disposons désormais d'un ascenseur et de toilettes dignes de ce nom. En réalité, il n'y a pas de quoi pavoiser ! Alors qu'un de nos premiers objectifs sera de renflouer notre trésorerie bien mise à mal par le manque à gagner et notre contribution au financement des travaux, la crise se met de la partie. Les économistes nous prédisent, en 2009, la pire récession depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nul doute que cela se traduira, dans un futur proche, par une forte baisse de l'activité touristique, et donc des recettes.

Et c'est juste au moment où tout le monde se met à restreindre ses dépenses en attente de jours meilleurs que nos frais de fonctionnement font un sacré bond en avant. Car la sécurité et la conformité ont un coût. Ce fut d'abord le contrat d'entretien de l'ascenseur, d'un coût annuel de 3400 euros. Pour pouvoir le faire dépanner en urgence, il fallut ouvrir une seconde ligne téléphonique, plus une troisième pour lire la consommation électrique à distance. Il nous faudra certainement souscrire un contrat d'entretien pour le groupe de secours, un autre pour la maintenance de la vidéosurveillance, un troisième pour les alarmes et la centrale de l'éclairage de secours, etc.

Puis viendra la facture d'eau, car d'après la réglementation, les toilettes extérieures doivent être, alimentées en eau potable depuis le réseau communal, alors que celle qui provenait de l'intérieur du fort était gratuite (en 1940, 620 militaires la buvaient, il n'y eut pas un seul malade). Ensuite viendra la facture de vidange de la cuve de rétention des rejets des toilettes, qu'il faudra faire vider de multiples fois tout au long de l'année. Tout ceci engendrera des frais que nous ne connaissions pas auparavant. Bref, d'ici quelque temps, nous aurons compris notre douleur à avoir intégré la modernité.

Un nouveau départ, oui, m ais nous aurions préféré qu'il se fasse dans une conjoncture plus favorable. Une consolation toutefois, ce qui est acquis est acquis. Car qui sait si, dans un contexte de plus en plus dégradé, où les demandes sociales vont exploser, les collectivités locales et territoriales investiront encore dans un fort de la Ligne Maginot ?

Vous me direz que je suis un brin pessimiste, rassurez-vous, nous nous battrons une fois de plus pour la ligne Maginot, à l'exemple de nos anciens aujourd'hui disparus.

Jean-Louis Burtscher

 

LA FIN DES TRAVAUX DE MISE EN SECURITE

Il serait fastidieux d'énumérer chronologiquement toutes les phases des travaux réalisés par les 9 entreprises (et sous-traitants) qui oeuvrèrent dans le fort 6 mois durant, mais qui ne se terminèrent réellement qu'à la fin du mois de juin.


DES CHANGEMENTS TRES VISUELS

Passons d'abord en revue ce que le visiteur averti remarquera de différent au cours de son périple.

Le terre-plein, qui avait été bouleversé par les travaux de terrassement.  Rappelons au passage que les collectivités locales ont dû faire poser 350 mètres de canalisations, à partir de l'ancien casernement, jusqu'à l'entrée du fort.

Le chemin menant à l'entrée des hommes qui avait été éventré par la pose du réseau électrique reliant le transformateur à l'entrée des munitions a lui aussi été remis en état, tout comme la desserte route/entrée des hommes.

A l'entrée des hommes, qui sera utilisée comme entrée ou issue de secours, une rambarde sécurise l'évidement de la descente.

Dans l'entrée des munitions, l'ancien local "caisse" a fait place à un ensemble plus spacieux comprenant entre autres la caisse, mais aussi un local de stockage que nous appellerons la réserve, puis un troisième où nos bénévoles pourront se préparer leur repas autrement que sous le regard des visiteurs. La caisse, quant à elle, est maintenant bardée de boîtiers de détection, de contrôle, de gestion, de surveillance et d'enregistrement des différents systèmes de sécurité, ordinateur et écrans à l'appui.

Tout de suite après le local d'accueil, les touristes franchissent un portillon de comptage qui, par l'intermédiaire d'un ordinateur, enregistrera les entrées et les sorties et indiquera en cas de sinistre – c'est son rôle majeur – le nombre de visiteurs présents et éventuellement à secourir dans le fort.

Au fond du bloc, ils pourront descendre à pied les 135 marches qui mènent au dessous. Et là vient la super nouveauté dont nous rêvions depuis trente ans, l'ascenseur qui pourra emporter les moins valides, les personnes âgées, les handicapés et au final tous ceux qui le voudront bien. Un ascenseur tout neuf qui a remplacé le 2,5 tonnes d'origine, dont seul le pylône a été conservé, repeint et enrobé de haut en bas par des grillages zingués. Dans ce puits de descente, une colonne dite "sèche" a pris la place de l'ancien tuyau d'amenée de gasoil. Cette colonne est destinée à alimenter les lances à eau que les pompiers pourraient mettre en œuvre en cas d'incendie dans les dessous.

A côté, le monte-charge de 5 tonnes dont le puits a été entièrement cloisonné par de grandes portes vitrées. Ses câbles ont été changés, le haut de la cabine sera remplacé ultérieurement et toute la partie électrique remise à neuf. Qui l'eût cru ?

Arrivés 24 mètres plus bas, nous découvrons, juste à la sortie de l'ascenseur, une porte vitrée suivie d'une seconde placée au début des magasins aux artifices. Il s'agit là d'un sas étanche de recueil et de rassemblement qui permettra d'évacuer sereinement les visiteurs en cas d'incendie et de dégagement de fumées.






Et c'est là que prennent fin les changements visuels les plus marquants. Le reste a été intégré de manière très discrète dans son environnement à tel point que l'on peut aujourd'hui affirmer que l'ouvrage a finalement été peu défiguré par les installations techniques modernes. Ainsi, les blocs de l'éclairage de secours se remarquent à peine, tout comme les câbles électriques orange réglementaires qui les alimentent et qui sont, dans la mesure du possible, cachés sous les autres conduits électriques. De même, les kilomètres de faisceaux de câbles électriques neufs, de télésurveillance, de fibre optique, d'alarme incendie, de sirène d'évacuation, s'intègrent tout à fait parmi les anciennes installations.

Il y a bien, de temps à autre, une caméra qui scrute les galeries pour repérer par exemple un départ de feu, mais comme elles sont placées en hauteur, cela ne nuit guère.

A l'usine, la sous-station traction a été sécurisée par la fermeture de la porte, mais des panneaux grillagés permettent de voir à travers. Idem à la sous-station tourelle.

A mi-chemin, dans le virage de la galerie principale, une discrète porte coupe feu se fermera automatiquement en cas d'alerte incendie.

Il faut aller au bout du circuit de visite pour voir à nouveau des changements notables, principalement à l'entrée du bloc 1 qui est fermée par une porte vitrée étanche car tout le bloc servira de lieu de recueil et d'évacuation en cas de sinistre. Au bloc 3, le pylône du monte charge a lui aussi été nettoyé et repeint, et les grilles qui l'enrobent ont été remplacées sur toute la hauteur.


CE QUI A CHANGE MAIS QUE LE VISITEUR NE VOIT PAS

Ceci est, grosso modo, ce qui est visible par le promeneur. Mais il y a aussi ce qu'il ne voit pas.

Ainsi, l'alimentation électrique principale a été entièrement remaniée. L'ancien câble 20 000 volts qui alimentait l'ouvrage en liaison souterraine et qui le traversait même en partie avait été jugé dangereux vu sa proximité avec les visiteurs. Il a été débranché et désaffecté. Les 20 000 volts sont maintenant abaissés en 440 volts dans un transformateur extérieur, situé en bordure de la rue du commandant Reynier. De là, le câble entre directement dans l'ouvrage par l'entrée des hommes. De ce fait, la cellule haute tension qui se trouvait au pied de cette entrée est devenue inutile. Elle a été entièrement vidée et abritera ultérieurement les archives de l'association.

L'entrée des hommes et son puits de descente, qui ont maintenant le rôle d'issue de secours, ont connu d'importants travaux. L'ensemble des marches d'escaliers a été refait à neuf. Le pylône de l'ancien ascenseur a été nettoyé et repeint, tous les grillages d'enrobage ont été changés. Le pied du bloc comporte lui aussi un sas de recueil et d'évacuation en cas de sinistre. Une porte coupe feu a été installée à l'entrée du local technique. Quatre autres de ces locaux ont été sécurisés de la sorte.

Même scénario au bloc de combat n°1, qui se trouve aux avants. Toutes les marches de la cage d'escaliers ont été refaites à neuf. La rambarde a été repeinte. L'issue de secours d'origine a été agrandie et remplacée par une porte aux dimensions normalisées. Du fond du fossé, monte un bel escalier métallique qui aboutit à l'air libre, devant le bloc. Vous avez sans doute compris qu'il s'agissait là de la troisième issue de secours qu'emprunteraient les visiteurs s'ils se trouvaient bloqués aux avants par un sinistre. Ici, une autre colonne sèche peut être alimentée en eau de dehors pour permettre aux pompiers d'intervenir en bas.

Le bloc 6 a lui aussi été doté d'une rambarde neuve qui sécurise le fossé diamant.

Un gros morceau fut la mise aux normes de l'installation électrique interne. Tous les anciens transformateurs 440/220 volts ont été désaffectés et vidés de leur huile. Ils ont été remplacés par des appareils neufs, à enroulements secs, qui ne pourront plus prendre feu. Les transfos de la sous-station avant et arrière, qui étaient déjà désactivés depuis des années, ont eux aussi été vidés. Tous les tableaux électriques de la distribution secondaire (pas les tableaux d'origine, naturellement, qui ont été simplement mis hors service) ont été remplacés par d'autres dont les composantes répondent aux plus récentes directives. L'inconvénient, c'est que ces matériels sont peu adaptés aux conditions climatiques et hygrométriques propres aux souterrains, mais…ils sont aux normes

Alors que nous n'avions subi quasiment aucune panne de courant durant les 27 années où nos techniciens s'étaient contentés de remplacer le robuste et simple matériel d'origine par du robuste et simple matériel récent, il y eut déjà plusieurs pannes en l'espace de quelques semaines sur le nouveau matériel.

Voici donc, en gros, ce qui a été réalisé durant 6 mois. Six mois où les nerfs de nos techniciens ont été mis à rude épreuve. Bien que non directement concernés dans la conduite des chantiers, nos bénévoles ont constamment été à l'affût, prêts à détecter les aléas ou mauvais choix techniques, à signaler immédiatement les malfaçons, à conseiller le maître d'oeuvre ou les entrepreneurs. Car vous vous doutez bien que la conduite et la réalisation d'un chantier aussi spécial, dans un bâtiment historique de surcroît, dans des conditions aussi particulières avec des critères très éloignés d'une construction neuve, relevait du casse-tête à chaque tournant de galerie.

Mais un des facteurs les plus éprouvants a été le manque de professionnalisme de bon nombre d'exécutants. Peu d'entre eux nettoyaient leur chantier avant de passer au suivant. Ceux qui posèrent les dalles en béton sur les marches d'escalier du bloc 1 coupèrent ces dernières à la scie électrique sans prendre la moindre précaution pour évacuer l'abondante poussière de découpe. Cette dernière se déposa sur les murs et les mobiliers jusqu'à 1 mm de hauteur, on en retrouva jusqu'à 150 mètres plus loin dans la galerie principale. Nos bénévoles durent nettoyer tout le bloc et le tronçon de galerie au jet d'eau, car l'humidité avait fini par fixer cet amas de poussière.

En matière d'électricité, ce n'était guère mieux. Nombre de nos installations ne fonctionnaient plus, car mal raccordées. Nombre d'anciens systèmes visant à économiser le courant disparurent des schémas. Nos techniciens s'aperçurent que l'éclairage de secours brûlait continuellement, jour et nuit, même quand l'ouvrage était fermé et désert. Plusieurs autres exemples pourraient être cités.

Le clou a été le total mépris du cahier de charges de la part de l'entreprise de peinture. Cette dernière peignit le plafond métallique de l'entrée avec de la peinture à l'eau, ce qui est totalement inapproprié. Comme l'entreprise avait trop tardé à commencer ses travaux (en bloquant du coup les entreprises en aval) la dalle du plafond s'était considérablement refroidie, l'hiver venant, et la peinture n'avait plus séché. Puis arriva un redoux qui liquéfia complètement cette peinture qui finit par tomber au sol. Chaque jour, nos bénévoles découvraient une nouvelle catastrophe qui leur faisait dresser les cheveux sur la tête.

Au final, cette entreprise devra tout recommencer à la fin de la saison touristique.

En de nombreux endroits, des malfaçons firent leur apparition. La plupart du temps, les ouvriers étaient livrés à eux-mêmes sans chef d'équipe, sans interlocuteur habilité à prendre des responsabilités. Ils n'étaient d'ailleurs jamais en nombre suffisant. S'ils l'avaient été, ce chantier aurait pu être achevé en trois mois, au lieu de six. Nous en étions arrivés à nous poser la question si on savait encore travailler proprement et consciencieusement en France.

Chaque dysfonctionnement nécessita un courrier de notre part au maître d'œuvre (qui lui-même avait fort à faire avec tous ces aléas) et au maître d'ouvrage, c'est-à-dire au propriétaire. Un de nos techniciens fraîchement retraité, passa tous les six mois sur le chantier, pour observer, signaler, assister aux réunions de chantier. Notre chef des travaux sacrifia nombre de jours de congé ou de RTT à assister aux réunions où à repérer et rattraper les malfaçons et dysfonctionnements.

Au moment où vous lirez ces lignes, nous avons déjà essuyé nombre de plâtres de ce chantier, mais Dieu merci, tout rentre dans l'ordre petit à petit.

Ce fut, pour nos bénévoles, techniciens et administratifs qui s'y impliquèrent, une épreuve souvent stressante sans commune mesure avec tous les tracas qu'ils connurent durant les 27 années de sauvegarde du fort. Merci à leur dévouement et à leur disponibilité.


TRAVAUX AALMA

Le samedi, alors que les chantiers d'entreprises étaient au repos, nos bénévoles se mettaient au travail. Certains eurent fort à faire pour rattraper ce que les professionnels avaient laissé en plan : détection des anomalies, des malfaçons, nettoyages en tous genres, et non des moindres, que les professionnels avaient "oublié" d'effectuer, etc.

A côté de cela, il y eut quand même des avancées par la fin de la mise en peinture de la portion de galerie entre la gare avant et la sous-station tourelles. La mise en valeur du boc 3 ayant été l'objectif de cette campagne hivernale, c'est la salle des filtres du haut de bloc qui en bénéficia de par sa totale rénovation. Celle-ci avait été sommairement retapée il y a une vingtaine d'années. Là, ce fut un véritable travail de fond de plusieurs semaines dont le résultat parle de lui-même. Dans l'étage supérieur du bloc, toutes les portes et huisseries ont été repeintes.

Depuis, nos bénévoles ont entamé la rénovation de la sous-station avant qui elle aussi n'avait été que partiellement rénovée il y a plus de vingt ans. Un chantier complexe, dans ce local technique recelant nombre d'appareillages et de tableaux électriques, mais qui s'avère lui aussi prometteur.


LA VIE DE L'ASSOCIATION

- C'est à la Saline, le nouveau centre culturel de Soultz-sous-forêts, qui notre secrétaire général tint une conférence le 22 janvier. Le thème, qui était bien sûr la ligne Maginot, attira un nombre d'auditeurs non négligeable.

- En mars, se déroula notre assemblée générale à l'issue de laquelle Jean-Louis Burtscher, secrétaire général de l'association, et Joseph Heintz, administrateur de l'association et conservateur de la casemate Esch, furent distingués par la médaille d'or du bénévolat associatif, pour 30 années d'engagement au sein de l'AALMA.

- Le 4 avril, le fort de Schoenenbourg connut sa première réouverture au public après travaux. Le président de la communauté des communes, qui avait promis une remise en service à cette date, avait tenu parole.

- Le 28, un administrateur de l'AALMA s'est rendu au fort d'Uxegney, près d'Epinal, pour participer à l'assemblée générale de la Fédération des associations de sauvegarde de la fortification. La matinée fut consacrée à revoir cet ouvrage que l'ARFUPE a magnifiquement restauré.

- Le mois de mai fut caractérisé par deux événements importants :


LES COMBATTANTS DE TOUTES LES EPOQUES

Le 2 et le 3 mai, se produisit pour la seconde fois un groupe d'une bonne quarantaine d'hommes et de femmes de la Twentieth Century Warfare and Living History Society, tous passionnés par la reconstitution historique. Si la majorité d'entre eux vint de Grande Bretagne, on y dénombra aussi des Allemands, des Hollandais, des Polonais et des Roumains, sans oublier Daniel, notre reconstituant du cru. Toutes ces personnes portaient des costumes de combattants de diverses époques, allant du moyen âge à la Seconde Guerre mondiale. Chaque démonstration était commentée : l'époque, la tenue, les méthodes de combat, etc. Des bivouacs avaient été installés, qui permettaient aux visiteurs de flâner autour des campements et de découvrir non seulement l'armement, mais aussi les ustensiles du quotidien. Deux motos et une jeep de l'armée américaine pétaradaient régulièrement à la grande joie des enfants.

Une buvette avait été installée et fut très appréciée dimanche, le beau temps aidant, alors qu'un déluge s'était abattu dans l'après-midi du samedi. Les visiteurs, au demeurant nombreux, étaient ravis. Le cadre champêtre ayant séduit les reconstituants, ces derniers reviendront sans doute dans deux ans. Ils seront les bienvenus.


DU JAMAIS VU : UNE EXPOSITION DE PEINTURE DANS LE FORT

Natif de l'Outre-Forêt, l'artiste peintre Pierre Gangloff en rêvait depuis un moment : créer des œuvres en rapport avec le passé tourmenté de l'Alsace du nord et les exposer dans un fort de la ligne Maginot. Il jeta son dévolu sur notre ouvrage et soumit son projet au conseil qui accepta d'emblée.

Il peignit, sur des plaques d'acier, de verre et de papier, une bonne quarantaine de sujets où figuraient à la fois des paysages et des personnages égratignés et affectés par la guerre. Le tout prendra place sur les parois de la galerie menant de l'entrée de la caserne vers l'usine électrique. Le vernissage (l'inauguration) eut lieu le samedi 16 mai, en présence de nombreux élus et d'amateurs d'art.

Il y eut foule, les gens déambulaient comme dans une vraie galerie d'art. Le verre de l'amitié eut le succès escompté, d'autant plus qu'il était agrémenté par un groupe de musiciens dont les morceaux de rock-folk dialectal emplissaient les galeries d'une sonorité insoupçonnée. Bref, un bon moment de convivialité dont nous tirerons profit pour des opérations similaires.

Depuis, les visiteurs scrutent les tableaux au passage, quelque peu interpellés par la présence peu habituelle d'œuvres de cette sorte dans un ouvrage fortifié, puis ravis par la diversité et aussi la complémentarité des deux. L'exposition est encore visible jusqu'à la mi-août.


EN MAI, SUR NOTRE SITE INTERNET

Notre site Internet www.lignemaginot.com est régulièrement alimenté par différents membres ou intervenants dont chacun apporte sa pierre à l'édifice. Ces nouveautés sont consultables dans la rubrique "New" qui se trouve sur la page d'accueil, puis "nos dernières mises à jour". Un des plus récents apports est la réalisation, par un de nos membres allemands, d'une reconstitution en 3 D (trois dimensions) du fort de Schoenenbourg. Un travail d'une qualité absolument époustouflante, qui vous fera découvrir l'ouvrage sous un aspect inconnu jusqu'alors. A consulter absolument !


UN VISITEUR DE MARQUE

Le mois de juin fut marqué par la venue du général Retur, délégué au patrimoine de l'Armée de terre. Bien que n'ayant plus de rapports directs avec l'administration militaire, notre association était honorée par la venue du général venu admirer un ouvrage dont la qualité de la restauration est maintenant bien connue dans tous les milieux, mais aussi l'importance des travaux de mise en sécurité. Le général fut surtout favorablement impressionné par la manière dont l'association a mis l'ouvrage en valeur, en lui gardant toute son authenticité.


TRAVAUX A LA CASEMATE ESCH

Les vols subis il y a quelques mois ont amené notre conseil d'administration à autoriser l'extension des mesures de protection à la casemate Esch. Ainsi, le dortoir de l'équipage où sont exposés des objets qui pourraient être dérobés sera cloisonné par deux parois vitrées en forme de L. Toutefois, comme avant, les visiteurs pourront entrer dans le local mais ne pourront bien entendu franchir la baie vitrée.

Dans l'aile sud, le pied du puits de cloche, où sont concentrés les matériels d'observation, sera lui aussi fermé par une paroi vitrée.

Dans la chambre de tir nord, une détection est couplée à une alarme qui se mettra à sonner dès qu'un visiteur voudra quitter l'espace délimité par le cordage.

Toujours dans le dortoir, la niche de la lampe de secours à bougie qui avait été colmatée par les occupants de l'ouvrage, a été réouverte.

Dans les vitrines, de nouveaux objets de collection ont trouvé place car la casemate, comme tout musée, doit se soumettre à la règle implicite de rotation des collections.


AILLEURS

- L'ouvrage de la Salmagne, près de Maubeuge, également pris en charge par des bénévoles et ouvert au public, a été fracturé durant la période hivernale. Douze armes de collection ont été dérobées ainsi qu'un certain nombre de médailles et un périscope J2.

- La casemate d'Oberroedern-nord, haut lieu des combats de juin 1940 dans le secteur fortifié de Haguenau, a été partiellement remblayée par l'agriculteur qui en est propriétaire.

- La casemate d'Oberroedern-sud, qui grâce aux bénévoles de l'AALMO est devenue un mémorial des combats de ce secteur, était en berne le 24 avril. C'est à cette date qu'est décédé Marcel Rieffel, qui, en tant que jeune lieutenant, commandait l'ouvrage qui avait fait l'objet, comme ses voisins, de violentes attaques allemandes.

- L'abri de la Redoute, à Drusenheim, va être pris en charge par des membres de l'association nationale des réservistes de gendarmerie. Ce petit abri de la ligne de défense du Rhin est actuellement l'unique exemplaire encore relativement préservé. Il sera rénové et agrémenté par du matériel pédagogique et pourra accueillir ponctuellement des visiteurs ou des groupes.

- L'abri de Bockange est désormais visitable les premiers dimanches du mois. La présidence de cette association de bénévoles, assurée jusqu'alors par Yves Staudt, a été reprise par son fils Laurent. A l'extérieur, un lieu d'accueil pour les visiteurs a été réalisé sur le dessus de l'abri et un chalet a été construit à proximité. Un bémol, pourtant, l'ouvrage ne peut être approché en dehors des journées d'ouverture, vu la complète clôture du site.

- L'ouvrage du Simserhof, à Bitche, a été doté d'un nouveau bâtiment d'accueil sur le parking situé au Légeret, au bord de la route Bitche-Rohrbach. Ceci pour informer, par des panneaux et autres renseignements, le touriste qui s'arrête là mais qui ne sait pas que l'ouvrage se situe bien en contrebas du parking. Un investissement de 130 000 euros, toilettes comprises.

Par ailleurs, 500 000 euros seront débloqués pour doper les visites du Simserhof. Pour cela, la communauté des communes a estimé qu'il fallait procéder à différents aménagements, dont l'optimalisation des conditions de sécurité, de la gestion du personnel en diminuant le nombre de préposés, du parcours scénographique et d'une meilleure communication.

- l'APOT, qui initialement désirait prendre en charge l'ouvrage de Téting, a étendu son champ de compétence et d'action à l'ouvrage de Laudrefang où elle a depuis réalisé un remarquable travail de mise en valeur du bloc 3, dont il y a quelques jours le déblocage de la tourelle mitrailleuse. Pour cela, elle a dû changer ses statuts, elle s'appelle désormais "Association de sauvegarde des petits ouvrages de Laudrefang et Téting " (ASPOLT). Son président est Michael FRANCOIS.

- Face à la ligne Maginot, le Westwall reprend du poil de la bête. Plusieurs initiatives pour l"entrée de ce patrimoine fortifié dans l'histoire passée de l'Allemagne ont eu lieu ces dernières années. Mais ce qui n'était déjà pas commode pour nous était franchement un parcours d'obstacle olympique pour les associations et sociétés d'histoire allemandes qui eurent à vaincre les préjugés de culpabilité en rapport avec la période nazie, encore très fortement ancrés dans ce pays.

Nous connaissions déjà le Westwallmuseum de Bad-Bergzabern, magnifiquement élaboré par un de nos membres allemands. C'est désormais tout le secteur Otterbach-Bienwald, qui fait face à notre fort de Schoenenbourg qui a fait l'objet d'une valorisation sous forme de panneaux d'information, de sentiers balisés, et surtout d'une communication envers le public.

Bien sûr, hormis le Westwallmuseum, les autres vestiges visibles ne sont plus que des ruines. Encore que, vous trouverez dans ce secteur des rares tronçons encore intacts du fameux réseau antichar fait de plots bétonnés appelés par les Français "dents de dragon", dont l'un franchit même un cours d'eau, lui-même ancien fossé antichar.

Le secteur d'Otterbach (qui comprenait autrefois 650 ouvrages fortifiés), comporte le circuit du Bienwald à partir des localités de Schaidt, de Steinfeld, de Niederotterbach et d'Oberotterbach.

Pour plus de précisions, voir sous www.otterbachabschnitt.de ou encore :

- Dans le même domaine, une autre nouveauté s'est faite jour en Allemagne par la toute récente ouverture au public d'un blockhaus Regelbau 10 à la lisière sud de Rastatt -Bundesstrasse 36, à l'entrée de l'ancienne caserne française.

Dans cette petite ville située non loin du Rhin, à hauteur des localités françaises de Beinheim et Roppenheim, la société d'histoire locale a, après 10 années de négociations, obtenu l'autorisation de mettre en valeur le seul blockhaus de ce secteur qui n'avait pas été détruit, et l'aménager en un joli petit musée.

Même si l'ouvrage n'est pas grand, sa rareté vaut le détour.


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