Bulletin 1 de 2005


Editorial
Le pillage de la mémoire


Quand, dans mon dernier éditorial, je disais que la Ligne Maginot devenait un phénomène international, je ne croyais pas si bien dire. Car il s'avère que de plus en plus cette dernière n'est plus une affaire franco-française, mais que tout un chacun peut, dans le monde entier, s'approprier un bout de la Ligne Maginot. Les deux exemples qui vont suivre en sont la parfaite illustration.

Tout d'abord, relevons le cas où la mémoire photographique de la Ligne Maginot est désormais mise aux enchères. En effet, depuis plusieurs mois, on trouve sur Internet des sites qui proposent aux possesseurs de photos ou d'objets à caractère historique de les mettre en vente au plus offrant. Ceux qui vendent sont souvent des marchands d'antiquités qui mettent la main sur des albums d'anciens combattants, mis au rébus par leurs descendants. L'acquéreur potentiel propose alors le prix qu'il estime raisonnable de payer. D'autres prétendants peuvent alors renchérir, jusqu'à une date limite, où le plus offrant obtient le document tant convoité. Ainsi, du fin fond des Etats-Unis, de la Hongrie ou de l'Australie, on peut désormais s'attribuer un bout du patrimoine photographique de la Ligne Maginot.

Ainsi, tel collectionneur entre en possession d'une photo jamais vue de l'ouvrage du Hochwald. Un autre rafle trois photos inédites du 420 qui a tiré sur le Schoenenbourg, un troisième une photo jamais parue d'une casemate du Nord, attaquée par les Allemands. Les associations essayent bien d'entrer dans la course, pour au moins espérer obtenir les clichés concernant l'ouvrage ou le secteur qui leur est propre. Souvent inutilement, car leur proposition est immédiatement renchérie par un ou des collectionneurs qui avancent alors des sommes défiant toute concurrence.

Quand ces documents exceptionnels sont acquis par des personnes qui ont l'intention de les publier dans un livre ou sur Internet, tout le monde y gagne. Quand elles sont acquises par des collectionneurs qui se les approprient pour leur seul plaisir personnel et qui atterrissent simplement au fond de leur tiroir, c'est un patrimoine qui est perdu pour tous.

Notre chef des travaux utilise, à cette fin, et sans doute avec raison, un vocabulaire plus direct quand il dit qu'il s'agit là d'auteurs d'un saccage documentaire, aussi coupables que ceux qui ont saccagé les ouvrages abandonnés. Mais ce ne sont pas toujours des anonymes, car ce patrimoine photographique est également pillé et dispersé par des collectionneurs qui sont par ailleurs de fervents défenseurs de la fortif.

Un deuxième cas d'appropriation peu recommandable d'éléments de la Ligne Maginot est celui d'un site Internet d'origine anglaise qui a utilisé, pour en faire son propre logo, le motif de l'insigne de l'ouvrage du Hochwald. Ainsi, le légendaire lion surplombant une tourelle d'artillerie figure désormais sur des objets proposés à la vente tels que casquettes, T-shirts, chopes de bière, jusqu'aux strings ou slips masculins. On peut s'imaginer que les vétérans du Hochwald doivent se sentir outragés, et on les comprend.

Ainsi, Internet, ce fabuleux instrument de diffusion de la connaissance et du savoir, où l'on peut aujourd'hui parcourir la Ligne Maginot sans avoir à bouger de son fauteuil est malheureusement aussi un vecteur important du pillage de ce même patrimoine. Hélas !


Jean-Louis Burtscher


LA VIE DE L'ASSOCIATION

- Du 3 au 13 septembre 2004, notre association était présente à la Foire européenne de Strasbourg. Elle y occupait un beau stand, en partenariat avec la cave vinicole de Cleebourg et l'office de tourisme de Wissembourg, dans un des trois halls du jardin des délices (gastronomie). Cette collaboration, qui était une première du genre, s'est faite sous la houlette de la Communauté des communes du Pays de Wissembourg qui avait financé en partie la location de l'emplacement. Ce fut là une belle opération de communication car 800 dépliants ont été distribués et de nombreux contacts établis.

- Toujours au mois de septembre, notre association a été sollicitée pour exposer au parc d'attractions Didiland, à Morsbronn-les-Bains, au sein du salon Energissimo. Notre prestation s'effectua sous la houlette de la Fédération des associations de la Ligne Maginot d'Alsace, elle-même partenaire de l'Association pour le développement de l'Alsace du Nord. Ce salon de grande envergure connut un certain succès, toutefois limité en particulier par le mauvais temps.

- Les 9 et 10 octobre, se déroula le Forum européen de la fortification, à l'initiative de la Fédération des associations de sauvegarde de la fortification. L'AALMA était également présente à cette manifestation qui se déroula, cette fois-ci, au cœur du magnifique ensemble fortifié de Villey-le-Sec. Les exposants avaient trouvé place dans de grandes tentes érigées dans le fossé entourant le réduit. Mais là aussi, le temps pluvieux n'encouragea guère la venue du grand public. Une fois de plus, on ne put que constater qu'il n'est pas facile d'attirer les foules, que la communication est un art qui ne s'improvise pas, et qu'en résumé, le Forum n'attire que les habituels mordus de la fortif.

- Début octobre vit aussi l'achèvement de l'élaboration du dossier pédagogique à destination des établissements scolaires. Celui-ci avait été réalisé pour le compte du Parc régional des Vosges du Nord, qui avait entrepris de promouvoir auprès des établissements scolaires les sites de la Ligne Maginot ouverts au public dans le périmètre et aux abords immédiats du parc.

-Le samedi 13 novembre, le Schoenenbourg reçut la visite de M. Johan Scharre, directeur adjoint du Simserhof.

-Le jeudi 11 novembre, notre président déposa, en compagnie de M. le président des Anciens du secteur fortifié de Haguenau, du commandant de la base aérienne 901 et de M. le maire de Birlenbach-Drachenbronn, une gerbe au monument au morts à l'occasion de la commémoration de l'armistice de 1918. 
- Le samedi 27 novembre, les élèves et enseignants du collège des Roseaux d'Illkirch-Graffenstaden (banlieue de Strasbourg) avaient organisé une vaste exposition consacrée au 60e anniversaire de la libération de la commune. Inaugurée par le recteur de l'académie de Strasbourg, en présence de nombreuses personnalités, cette manifestation connut un succès bien mérité. Une des clés de cette réussite fut la participation de plusieurs associations de reconstituants, de collectionneurs de véhicules militaires, de maquettistes. Le Groupe de reconstituants et Collectionneurs d'Alsace 1939/40 avait aménagé toute une salle dédiée à l'armée et aux combattants de 1940. L'AALMA et le Schoenenbourg étaient en bonne place grâce à des panneaux photos et des maquettes.

- Le mercredi 8 décembre, le Schoenenbourg reçut la visite du ministre chinois des Affaires étrangères, du consul de Chine à Strasbourg et de leur entourage. Ces importants personnages furent ravis de ce qu'ils virent, et également admiratifs du dévouement des membres de l'AALMA pour la conservation de ce patrimoine.

- Le dimanche 19, c'est au tour du personnel de l'ambassade de Chine, de Paris, de découvrir notre ouvrage. Fort d'une cinquantaine de personnes, le groupe eut le privilège de traverser le terre-plein André Maginot, alors recouvert d'un beau manteau neigeux.


QUOI DE NEUF, 
AU SCHOENENBOURG ?

Travaux à l'arrière

Une importante étape a été franchie en matière de rénovation, avec la remise à neuf de la gare des arrières. Longue de 55 et large de 4 mètres, cette gare est le plus volumineux espace du fort. Sa rénovation a nécessité une longue préparation : extraction de toutes les anciennes fixations métalliques, réfection de drainages, préparation des fonds. Cette procédure, qui précède le stade de la mise en peinture, a du être portée à un niveau jamais atteint. Explications :

Le Schoenenbourg est construit dans un terrain aux aspects très divers, fait de différentes strates dont des marnes, argiles, sable, etc. Entre deux de ces couches, est prise une assez importante nappe de boue rouge d'apparence ferrugineuse. Cette nappe enveloppe une bonne partie des dessous de notre ouvrage et est particulièrement importante au niveau des artifices, de la gare arrière, de la cuisine, dans une moindre mesure à hauteur de la caserne, de la galerie principale et des avants. Ceux qui connurent le Schoenenbourg à ses débuts se souviendront certainement d'une intrusion de boue rouge, haute de plusieurs centimètres, qui avait fini par s'étaler sur plusieurs centaines mètres dans la galerie principale et que nous avons mis des mois à évacuer. 

Au fil des ans, cette matière aux couleurs de rouille s'infiltre à travers les maçonneries et les enduits et finit par teinter de rouge tous les crépis et toutes le peintures de ces locaux. D'où des traitements spécifiques lors de la rénovation de ces endroits. Il faut d'abord réduire la porosité des enduits, en les saturant par deux couches d'apprêt Rustol. Là où la matière rouge a particulièrement traversé les maçonneries, il faut en outre appliquer une couche de peinture aluminium, dont les pigments de grande taille devraient assurer une meilleure étanchéité. On en arrive enfin au stade de la peinture de finition, qu'il faut alors appliquer en deux, voire trois couches. Tout cela dans le but d'empêcher les boues rouges de percer et de dénaturer l'apparence de notre ouvrage.

La peinture de finition devra être, dans ce cas, brillante et fongicide. Il s'est avéré que les peintures brillantes étaient beaucoup plus résistantes au transpercement d'agents organiques ou chimiques. Les peintures murales mates, effectivement beaucoup plus répandues dans la Ligne Maginot, ont l'inconvénient d'être microporeuses et de laisser passer facilement tous les éléments indésirables.
Ce qui explique et répond en même temps aux questions que se posent nos propres membres quant à l'emploi de peintures murales brillantes. 

Petite leçon de choses 
en matière de peinture


Au Schoenenbourg les peintures mates ne peuvent être appliquées que dans les endroits absolument sains, et nous savons que ceux-ci sont peu nombreux. Une autre explication concernant l'emploi de peintures murales brillantes est qu'en fait nous ne faisons que reproduire ce qui avait été fait avant nous. En effet, bien souvent, en grattant les peintures aqueuses mates appliquées après la guerre, nous découvrons que celles-ci recouvraient en fait les peintures à l'huile brillantes ou semi brillantes d'origine.

En poussant l'investigation plus loin, nous constatons également que le Schoenenbourg avait, lors des travaux de finition des années 1935, été peint, dans la grande majorité de ses surfaces, avec de la peinture à l'huile. Même la voûte de la galerie principale avait été traitée de la sorte. Ce fait est véritablement exceptionnel, sans doute motivé par les mêmes conditions que nous rencontrons aujourd'hui. 

La gare arrière

Notre gare des arrières (500 m² de surface de murs et voûte) reçut donc, selon les endroits, entre cinq et six couches de peinture. Mais ce n'était pas tout. Il fallut gratter et peindre les 85 supports de câbles électriques, 110 mètres de conduites d'eau, 270 mètres de câbles électriques, plusieurs coffrets électriques. Ce chantier, entièrement réalisé par notre ouvrier d'entretien, a nécessité deux mois et demi de travail quotidien. Le résultat peut être qualifié d'un seul commentaire : remarquable.

Mais ces travaux ne s'arrêteront bien entendu pas à la gare, il faudra encore les étendre en amont et en aval pour donner une cohérence à l'ensemble. C'est la partie qui prolonge la gare jusqu'à l'issue de secours secrète qui en bénéficiera la première. Là, il fallut réparer de nombreuses margelles qui s'étaient dégradées au fil du temps, en pratiquant des travaux de maçonnerie. Le puits d'accès à la partie supérieure de l'issue secrète sera nettoyé de fond en comble et mis en peinture, cela est du plus bel effet. La partie inférieure est au stade de la préparation des fonds, qui sera là aussi, très importante. 

A la caserne

Les chambrées en cul-de-sac du casernement principal n'étaient jamais réellement sèches, car mal aérées. Notre chef des travaux prit donc la décision de les ventiler de force. Pour cela, nos techniciens posèrent 4 ventilateurs de brassage dont trois prennent l'air de la galerie reliant la gare arrière à l'entrée des hommes pour la rejeter dans les chambrées. Cela nécessita des travaux de maçonnerie et d'électricité. Et le résultat est bien visible : ces locaux sont désormais bien plus secs et l'air ambiant y est bien plus agréable. Et du coup, le ronflement des quatre ventilateurs contribue à la mise en ambiance sonore du fort. Comme ils sont étagés sur une certaine distance, cela provoque une impression de "vous entendez, tout fonctionne" qui marque beaucoup nos visiteurs.

La cuisine

Repeinte il y a une dizaine d'années, elle avait considérablement vieilli, notamment par la coloration rougeâtre provoquée par le transpercement des boues rouges. Nos bénévoles ont lavé et brossé murs et plafonds et donné une couche de peinture. La teinte indésirable a maintenant disparu. Justement à la cuisine, des drainages laissent entrer ces fameuses boues rouges qui prennent alors l'apparence d'une crème chantilly, couleur rouille, qui engorge les conduits d'évacuation. Ah pourquoi donc les choses sont elles plus compliquées au Schoenenbourg qu'ailleurs ?

L'usine

Elle a été entièrement renettoyée. Les émanations de salpêtre ont été enlevées, sachant toutefois qu'elles repousseront irrémédiablement car il n'existe aucune solution pour lutter contre cette plaie. Comme le salpêtre avait abîmé la peinture en de nombreux endroits, des retouches ont été effectuées.

Les 33 filtres de la salle de neutralisation ont été passés au produit fongicide, la peinture rouge ayant développé une importante moisissure.

Vers l'entrée des hommes

La grille barrant le couloir donnant accès au bas de l'entrée des hommes a été rehaussée par un ajout qui empêchera toute tentative de passage clandestin, par le haut.

AUX AVANTS
Le bloc 1

La rénovation de l'étage supérieur du bloc 1 est presque achevée. Les murs et socles sont peints, les portes et huisseries et autres parties métalliques telles la doublure du plafond et de la façade de la chambre de tir, les citernes à eau ont été grattées et repeintes. Un râtelier à obus de 47 mm a été peint et mis en place. Il avait été récupéré dans un autre ouvrage, celui d'origine ayant disparu. La fresque peinte dans la cage d'escalier entre les deux étages a subi un traitement expérimental de préservation.
L'étage supérieur est désormais comme neuf, à l'exception des deux puits et intérieurs de cloche où les travaux ont dû être interrompus suite à l'apparition de l'humidité engendrée par le froid du dehors. Mais déjà, le résultat est saisissant.

Nos peintres ont, depuis, entamé la rénovation de l'étage inférieur qui nécessita d'importants travaux de réparation de maçonnerie.

Le bloc 3

Grâce à la récupération effectuée à l'ouvrage du Schiesseck, notre tourelle du bloc 3 pourra être complétée avec les derniers éléments qui lui manquaient, notamment la circulaire de pointage en direction des deux canons de 75 mm. Cette magnifique pièce en laiton a été réadaptée sur notre tourelle et fixée à demeure. Il faudra encore réparer le bras et le vernier indiquant la graduation. Nos mécaniciens sont à pied d'œuvre.

Au bloc 8

Les protections des trémies d'évacuation de l'air vicié et de l'échappement ont été renforcées, pour éviter des démontages indésirables.

Derrière tout cela, un chiffre :
Montant des fournitures de peinture pour l'année 2004 : plus de 15000 euros. Un chiffre jamais atteint, dont la contrepartie est un Schoenenbourg de plus en plus beau. Une certitude aussi, c'est que nous sommes l'association qui a le plus investi dans la préservation de son ouvrage.


LES VISITEURS DE 2004 

Fréquentation du Schoenenbourg en 2004 : 41035 visiteurs.
Hausse de la fréquentation : 1,5 %

Constat : par rapport aux chiffres de fréquentation donnés par les autres associations, le Schoenenbourg serait l'ouvrage ayant reçu le plus de public en 2004.

Pourcentage des visiteurs adultes au Schoenenbourg : 68%
Pourcentage des visiteurs dits "enfants" : 32 %
Pourcentage de visiteurs adultes en visite individuelle : 79,5 %
Pourcentage de visiteurs enfants en visite individuelle : 20,5 %

Pourcentage de visiteurs dans la catégorie "enfants" venus dans un cadre scolaire : 60 %, soit 8000 élèves de 6 à 18 ans.

Total des visiteurs en mode visite individuelle : 23926, soit un recul de 1%. On constate un léger recul des visiteurs individuels depuis 2002, qui semble refléter la récession économique des pays développés.

En revanche, le nombre de visiteurs en groupe a augmenté, sans doute du fait que le produit "Ligne Maginot Schoenenbourg" ait enfin percé dans le milieu des autocaristes.

Nombre de visiteurs à la casemate Esch : 2134
soit une stabilisation par rapport à l'année précédente

Nombre de connexions sur notre site Internet en 2004 : 250 000
Constat : stupéfiant, mais absolument véridique. 


DIVERS

- La casemate Dambach sud, qui avait été prise en compte par une association de sauvegarde, a subi un cambriolage par effraction. Quelques menus objets ont été volés notamment des volets d'obturation de créneaux FM. Seraient-ce là des connaisseurs indélicats ?

- Le bloc d'entrée de l'ouvrage de Laudrefang a été merlonné par l'armée.

- Les militaires qui s'apprêtaient à refermer le gros ouvrage de Molvange (régulièrement forcé) ont eu la bonne idée de faire un tour dans les dessous avant de condamner l'accès. Bien leur prit car trois jeunes s'étaient aventurés dans l'ouvrage.

- Un passionné est en train d'effectuer des recherches dans l'intention de rédiger un recueil concernant les cités militaires Sud et Nord de la base aérienne 901 de Drachenbronn. Il est à la recherche de tout document écrit, photographique, journalistique en rapport. Si vous avez des informations sur ce thème, vous pouvez contacter l'adjudant Thierry BODIN, CSA patrimoine, bureau des relations publiques, Base aérienne 901, 67167 WISSEMBOURG Cedex.

- L'atlas des constructions CORF, édité par Caspar Vermeulen, est désormais disponible sur CD. Par rapport à la version papier, il contient plusieurs points supplémentaires : ajout des cartes des Alpes et de la Corse. Pour chacun des ouvrages figure un tableau de son armement, un plan schématique, une galerie de photos, un fichier descriptif des armements. Toutes les cartes peuvent être imprimées. Ce document est actuellement, pour le néophyte et même le connaisseur confirmé, le moyen le plus commode pour situer les ouvrages sur le terrain.
Prix de vente : 10 euros, port compris.
.
140 cartes et 1250 photos sont le fruit de 12 années de recherches et de deux années de préparation. Un bulletin de commande est disponible sur :
www.maginot.inf/atlas/.
Cliquez sur "acheter" pour remplir le bon de commande.


L'ACTUALITE FORTIF SUR INTERNET

La " toile " fortifiée.

Une nouvelle partie vient d'éclore dans notre bulletin associatif : l'actualité de la fortification sur Internet. Cette section nous permet de franchir une nouvelle étape qui s'inscrit dans l'ère des technologies de communication de cette dernière décade. Le monde d'aujourd'hui tourne de plus en plus à l'aide de l'informatique et du réseau international Internet. Ce formidable outil de communication et de liberté (quand celui-ci vous épargne les problèmes informatiques…) permet d'apporter à plus en plus de personnes de multiples informations concernant tous les thèmes de notre vie quotidienne. 

Et bien sûr, les passionnés ont aussi leur place sur la " toile ", et notamment les mordus de fortifications que nous sommes ! Toutes les périodes de l'histoire des fortifications sont sujettes à des sites Internet. Nous concernant, la Ligne Maginot est un thème largement développé au regard des nombreux sites présents sur Internet. On peut aussi noter l'intérêt des étrangers pour notre Ligne Maginot : des Belges, des Hollandais, des Allemands, des Tchèques, des Américains, etc. Et nous sommes fiers d'y avoir apporté notre pierre à l'édifice. 

Pour notre association, l'aventure sur la " toile " commence en 1999. Notre chef des travaux, Jean-Marc Birsinger, a créé le site de l'AALMA qui se veut à la fois ouvert aux passionnés mais aussi accessible aux touristes. Son engagement et l'aide apportée par les membres de l'association ont permis de faire émerger un site de premier ordre. Et un fait est incontestable aujourd'hui : notre site est le plus documenté sur le thème de la Ligne Maginot. Pour l'année 2004 uniquement, nous avons eu plus de 250 000 visites de notre site ! Belle réussite qui est sans cesse mis à jour au fil des documents réceptionnés. 

Le concept de cette nouvelle partie est de faire un inventaire exhaustif des sites traitant de la Ligne Maginot sous tous ses aspects. Ce premier volet sera traité par secteurs fortifiés. Je vous donne rendez-vous au prochain numéro pour commencer notre périple.

Cédric Populus


LIRE

"Les derniers jours de l'ouvrage de Rochonviller" est le titre d'un article très intéressant et surtout inédit, rédigé par Alain Hohnadel et Jean-Louis Goby, paru dans le numéro de novembre de 39/45 Magazine (N°217). Le tout sur 18 pages, illustré par de nombreuses photos.


LA COTISATION 2005

Comme tous les ans, nous vous appelons à renouveler votre engagement envers notre association par le paiement de la cotisation.
Celle-ci se monte à 16 euros.

Ceux qui voudront être assurés devront verser 24 euros au moment de régler leur cotisation. Il ne sera plus possible de s'assurer après la fin avril.

Les envois seront à adresser à :
M. Armand JACQUES, 26 rue Principale
67160 SCHLEITHAL
Prenez soin de libeller votre chèque au nom de l'association. Les virements postaux se font sur le compte 1775 89 S.

OUVERTURES DU SCHOENENBOURG
DEVANT ETRE ASSUREES PAR
LES BENEVOLES EN 2005

Dimanche 6 mars
Dimanche 27 et lundi 28 mars (Pâques)
Dimanche 17 avril
Dimanche 1er mai
Dimanche 15 mai (Pentecôte)
Dimanche 29 mai
Dimanche 12 juin
Dimanche 26 juin
Dimanche 10 juillet
Dimanche 31 juillet
Dimanche 14 août
Dimanche 28 août
Dimanche 11 septembre
Dimanche 25 septembre
Dimanche 16 octobre
Dimanche 30 octobre
Vendredi 11 novembre
Le fort sera ouvert journellement au public du 9 avril au 30 septembre inclus.


L'ASSEMBLEE GENERALE 

Se déroulera à la maison Ungerer, à Hunspach, le dimanche 13 mars 2005, à 14h30.

ET POUR LE BULLETIN
Attention : la fréquence de parution de notre bulletin va subir un changement. A partir de l'année 2005, il ne paraîtra plus que deux fois l'an, c'est-à-dire au mois de janvier et au mois de juillet. Ceci n’est pas le fruit d'une décision prise à la légère, mais résulte d'un problème de disponibilité de votre secrétaire général. Veuillez nous en excuser.


A tous nos lecteurs
Bonne et
heureuse année 2005

de la part du président
Marc Halter et du conseil 
d'administration 



NOTRE DOSSIER

L’artillerie lourde sur voie ferrée dans le nord de l’Alsace en 1939/40

Nous avons tous lu, à un moment ou un autre, que l’artillerie lourde sur voie ferrée était positionnée derrière la Ligne Maginot et qu’elle était censée effectuer des tirs de représailles.
Pour en savoir plus sur la présence de l’artillerie lourde sur voie ferrée dans notre région, il faut se référer au journal des marches et opérations du 1er groupe du 373e Régiment d’ALVF. En voici un résumé.

Une alerte, le 11 avril 1939, mobilise les actifs, au Centre Mobilisateur de l’Artillerie n° 60, à Mutzig, ceci en application de la mesure n°10. Ils déstockent alors les pièces pour les conduire dans les gares de Walbourg et de Bannstein. A l’issue de l’alerte, les pièces et leurs équipages sont maintenus dans les gares et seront donc sur place à l’alerte de la fin août.

Le noyau actif du 1er groupe comporte 5 officiers, 16 sous-officiers et 108 hommes de troupe qui quittent alors Châlons-sur-Marne pour prendre en charge les matériels et se mettre à disposition du commandement de la 20e Région militaire. Le 16 avril, le groupe est dirigé sur Romanswiller, en Alsace, où se situe son dépôt de stationnement en temps de paix (Ce dépôt était en outre un dépôt de munitions de la 5ème armée) pour ensuite, avec son matériel, être réparti sur deux destinations. Pour cela quatre trains sont nécessaires. 

Le 17 avril, l’état-major du groupe (EMG) et la première batterie sont mis en cantonnement à Walbourg où l’on profite, jusqu’au mois d’août, pour établir et réviser la documentation, et pour instruire les servants. Le 2e groupe (batterie) s’installe à Bannstein (département de la Moselle), et entame immédiatement le creusement des abris, tranchées et postes de tir. Le 27 août 1939, est appliquée la mesure 81. Elle a pour effet de compléter le groupe à son effectif de guerre.

Le 28 août, le noyau actif de l’EMG et de la première batterie quittent le cantonnement de Walbourg et occupent le village de Biblisheim, mais le groupe de combat est maintenu à Walbourg, dans les garages de l’embranchement militaire. Le 30 août, la réception des réservistes est terminée et l’effectif du groupe est alors de 15 officiers, 35 sous-officiers et 335 hommes de troupe.

L’état-major du groupe est composé d’un commandant de groupe (capitaine Depaule), d’un officier de chemins de fer (capitaine Moquin), d’officiers qui ont la fonction d’orienteur (officier orienteur adjoint :lieutenant Buck, officier observateur : lieutenant Antonin?), d’observateur de transmission, de liaison, de médecin. La première batterie est commandée par le capitaine Astruc et les lieutenants Brun et Stoltz sont officiers de batterie. Le capitaine Auclair dirige la deuxième batterie, secondé par les lieutenants Matevet et Gaffniel.

La guerre est déclarée

La guerre est déclarée le 2 septembre, mais ce n’est que le 10 que la première batterie équipe avec des poutrelles la position de tir de Rittershoffen. Objectif : tirs de représailles sur Baden-Baden et Karlsruhe. Le 29, c’est au tour de la seconde batterie de s’équiper sur l’épi de Neuschmeltz. Mais à cette date, il ne s’est encore rien passé. Ce laps de temps est mis à profit pour mettre en condition le personnel, à organiser la protection de la position (servants et matériels) et à entretenir le matériel (chemin de fer et canon).

Le 5 octobre, le PC du groupe qui se situe toujours à Biblisheim est doté de moyens radio, soit un poste ER 13 et un ER 26 ter.

Le 16 octobre, la position de Rittershoffen est survolée par une escadrille d’avions allemands, la DCA entre en action, mais sans résultats.

Le 19, sont confirmés les objectifs qui sont : bombardement des agglomérations importantes des arrières ennemis, soit Baden-Baden et Karlsruhe pour la batterie de Rittershoffen et Zweibrücken et Pirmasens pour la 2e batterie qui tient la position de Neuschmeltz (Fourneau-Neuf).
Mais il faudrait un tir réel avec observation aérienne pour tester l’efficacité de la préparation théorique. Toutes dispositions utiles sont alors prises pour remplir la mission reçue, mais rien ne vient…

Le 20, nouveau survol par un groupe d’avions ennemis, qui déclenche le tir des mitrailleuses de la DCA.

Le 24 octobre, le groupe est avisé que l’état-major du régiment et le deuxième groupe sont affectés à la 5e armée et seront redéployés. Le PC du régiment prendra ses quartiers à Barr.

Pour le 2e groupe, une demi-batterie rejoindra Vendenheim et une autre demi-batterie devra se mettre en position à Kutzenhausen. Cette dernière sera mise à disposition du commandement de la première batterie, déjà en position (PC à Biblisheim). Mais ce mouvement ne sera pas exécuté.

Le 31 octobre, la première batterie signale un survol de chasseurs allemands à basse altitude. Les mitrailleuses font feu sans résultat.

En novembre 1939, un nouveau remaniement a lieu avec une réaffectation des moyens. Ainsi, une batterie du 1e groupe du 373e restera en position à Rittershoffen, la seconde batterie à Fourneau-Neuf. La nouveauté est qu’une demi-batterie (une pièce) du 2e groupe ira occuper la position de Kutzenhausen.

On en profite pour redéfinir les objectifs (qui ne changent pas) et pour étudier la possibilité d’utiliser les courbes de la voie ferrée Haguenau-Wissembourg pour en faire des positions de rechange. Dans cet esprit, le lieutenant orienteur inspecte les courbes de la voie entre Hoffen et Soultz-sous-Forêts, à la recherche de tels emplacements. Deux d’entre elles sont retenues dans un avant-projet, une entre la gare de Hoffen et le village et une autre dans le bois, à 1 km à l’Est du passage à niveau de Niederbetschdorf. L’avant-projet est retenu, il faudra encore l’accord des représentants de la SNCF.

Le 11, la demi-batterie du 373e RALVF (II/373e RALVF) occupe ses cantonnements à Kutzenhausen et reçoit la mission de mettre en place les poutrelles de fer, pour aménager la position de tir.

Le 15, les munitions destinées à cette batterie arrivent à Walbourg, où elles sont transbordées sur le train de la batterie. Le 17, la demi batterie fait mouvement et va occuper la position constituée de deux épis, à Kutzenhausen. Objectifs : Bergzabern et Winden. Le reste du mois de novembre est mis à profit pour peaufiner les schémas de tir, entretenir le matériel et faire une manœuvre avec une section, mais pour l’instant, aucun coup de canon n’a encore retenti.

Le mois de décembre n’est caractérisé par aucune activité particulière, hormis la manœuvre à l’instruction du matériel. Le froid devient intense à partir du 22 et limite les activités de maintenance.

1940

Le mois de janvier n’a permis aucune manoeuvre d’ensemble. La neige tombe à répétition et la température a chuté jusqu’à - 24 degrés. Il a fallu vidanger les locomotives pour éviter les dégâts occasionnés par le gel.

Le mois de février est moins rigoureux que le précédent et a permis quelques manœuvres pour conserver le personnel et le matériel en condition.

Mars est également mis à profit pour faire de nombreuses manoeuvres. Le personnel a suivi des cours spéciaux d’instruction aux armes automatiques, à la radio, etc.

En avril, le retour du beau temps a permis d’envisager la réorganisation des conditions d’observation pour le groupe. Des reconnaissances sont en cours.

Le groupe participe à une reconnaissance de positions de circonstance, tendant à l’application des éléments courbes existant sur le réseau géré par la SNCF.


Remaniement

Le 20 avril, nouveau remaniement. Le groupe est constitué en Groupement d’ALVF fixe appelé à occuper les positions construites ou en voie de construction. Le 2e groupe du régiment est affecté au Groupement d’ALVF mobile appelé à occuper les positions de circonstance. Tous les travaux de reconnaissance affectant ces positions sont remis au 2e groupe.

Début mai, les batteries occupent leurs positions. Toujours pas de tirs.

Le 8, une pièce est retirée de la position de Rittershoffen et joint Walbourg, dans la nuit.
Le 10 mai l’attaque générale déclenchée par les Allemands met tout le monde en alerte.
Les batteries sont prêtes à intervenir sur leurs objectifs respectifs qui sont :
Deuxième batterie (ouest) : Zweibrücken, avec les deux tubes de Fourneau-Neuf
Quatrième batterie (centre) : Bergzabern, avec les deux tubes de Kutzenhausen
Première batterie (est) : Kalrsruhe, avec une pièce à Rittershoffen

L’occupation de la position avancée de Niederroedern est préparée pour une pièce de 340, avec objectifs possibles : Karlsruhe, Durlach, qui sont des nœuds de voie ferrée.

Toutes les positions sont prêtes à 14 heures.
Dans la soirée du 10, les autorisations sont demandées pour acheminer un wagon de poutrelles sur la position avancée de Niederroedern, et un train est mis en position d’attente sur la gare d’Hatten.
Le 11, la position de Niederroedern est prête. Le train de tir est dans la gare de Hatten, le personnel loge au village.

Le 12, vers 9h30, des avions mitraillent la rame de wagons qui est sur la voie de service de la gare de Walbourg. Il n’y a pas de blessés. Deux FM 24/29 ont pris à partie les avions.

A 18h30, l’ennemi envoie quelques projectiles sur Hatten. Pas de blessés. Le personnel logeant au village est évacué, à l’exception de la garde du train de tir en attente dans la gare.

Le 15 mai, un avion ennemi mitraille le garage de combat, comme le 12, pas de blessés.
A 19 heures, la première batterie, en position à Rittershoffen est bombardée par deux pièces de 240 : 20 coups. Pas de blessés.

Le 17 mai, à 9h55, la position de Rittershoffen est bombardée par deux pièces de 105, tirant percutant et fusant. Le tir est un tir de harcèlement sur la voie ferrée (la halte de Rittershoffen -Betschdorf), les villages de Ober et Niederbetschdorf, encore occupés par leurs habitants, sont bombardés fusant. Le commandant du groupe parti pour rejoindre son unité est obligé de se réfugier dans une cave d’Oberbetschdorf. Il profitera d’une accalmie pour rejoindre l’unité.
On apprend, par le commandant du génie chargé des obstructions que la voie entre la gare de Hatten et Niederroedern a été déposée, la position avancée ne peut plus être occupée (ni déplacée). Ordre sera donné, en haut lieu, de rétablir la voie.

Repli partiel

Le 18 mai, arrive l’ordre de replier la pièce de Hatten et celle de Rittershoffen.
A 18h30 le commandant de la première batterie rend compte que la position de Rittershoffen, survolée par un avion, est bombardée par du 240, depuis l’est, au delà du Rhin. Le tir dure une heure. RAS.

Mais un ordre de l’armée enjoint de récupérer les poutrelles de Rittershoffen. Il faut alors organiser une corvée. Mais on apprend que les aiguillages de la voie de Hatten - Niederroedern ont sauté. Une équipe de vingt hommes se chargeront de rapatrier les 68 poutrelles pesant 250 kg chacune. Il faudra quatre camions pour en assurer le transport.

Au 15 mai, la situation est la suivante : la batterie de Foureau-Neuf est en position d’alerte sur ses épis, tout comme celle de Kutzenhausen.
Une pièce est toujours au garage de combat de Walbourg.

Le 21, une rafale de quelques coups de 105 tombe à 200 m de la position de Kutzenhausen. RAS.

Le 30 mai, nouvelles directives avec changement de mission données aux batteries.
Foureau-Neuf : terrain d’aviation de Zweibrücken et Pirmasens, plus deux carrefours.
Kutzenhausen : gare et carrefour de Bad Bergzabern
Rittershoffen : terrain d’aviation de Baden Baden et Karlsruhe.

Toujours pas de tirs.

Le 3 juin, le groupe est chargé de faire équiper une position de circonstance à Hoffen, en vue de tirs de contrebatterie sur une batterie ennemie. Une pièce de 340 de la 4e batterie est désignée.

Le 8 juin, la situation est la suivante :
1e batterie : garage de combat de Walbourg
2e batterie : position de tir de Fourneau-Neuf
4e batterie, position de tir de Kutzenhausen

Repli général

Le 12 juin, le commandement avise le chef d’escadron que le groupe doit prendre ses dispositions en vue d’un déplacement. Les instructions sont à prendre au PC de Walbourg.
A partir de 23h30, les officiers reçoivent l’ordre de faire déséquiper les positions de toutes les batteries. Les travaux doivent être faits le plus rapidement possible.
Le commandant du 2e groupe devra se rendre au PC de Mommenheim, pour prendre les instructions, où le rejoint le commandant du 1e groupe.
Confirmation est faite du déplacement du premier et du deuxième groupe du 373e RALVF à destination de Dijon, pour être mis à disposition de la 5e Armée.

Le deséquipement doit être complet, le délai d’enlèvement des pièces allant jusqu’à 21h.

Nombre de trains prévus :
1 train d’Etat-major avec la réserve de munitions, à prendre à Haguenau. Détail :
1er train de la 1e batterie, capitaine Astruc,
2e train de la 1e batterie, lieutenant Montgeois
1er train de la 2e batterie, lieutenant Schertz
2e train de la 2e batterie, capitaine Moquin

Le travail de déséquipement est important. Il manque des wagons plats.
Les véhicules auto partiront en convoi.

13 juin, 16h15. Les locomotives venant de Reding ne sont toujours pas là.
A 19h les locomotives pour trois trains arrivent, pour enlever la 4e batterie. La rame est dirigée sur Kutzenhausen. Les machines sont sans fourgon, ce qui inquiète le chef de gare.

A 22h40 le premier train est enfin en route, suivi, à 24h, du second.

Le 14 juin, à 1h, la colonne auto démarre, à destination de Saverne.
A 2h, c’est le tour du train d’état-major.
A 3h, part le train de la 4e batterie, destination Haguenau, Saverne, Sarrebourg en faisant un détour par Schweighouse. Les trains d’ALVF s’écoulent normalement, mais le contrôle est difficile puisque les trains ne sont pas identifiés par les gares.

Le train du capitaine Astruc est retrouvé à Avricourt. Tout va bien, il n’y a pas d’échange de locomotives, les équipes assurant les permanences.
Puis ils sont signalés à Epinal où ils subissent quelques mitraillages.

Ainsi, le 14 juin, l’ALVF a quitté le Nord de l’Alsace, où elle aura été présente 11 mois et où elle n’aura tiré aucun obus, pour des tribulations qui dureront encore une dizaine de jours. Mais ceci est une autre histoire !

Après 1940

A l’armistice de 1940, les Allemands récupèrent toutes les pièces ALVF et les emploient sur l’Atlantikwall ou dans leurs campagnes à l’Est (sièges de Sébastopol, Leningrad).



Quelques compléments techniques

Les pièces ALVF


En France, l’Artillerie Lourde sur Voie Ferrée (ALVF) apparaît durant la Première Guerre mondiale (La première pièce sur voie ferrée date de la guerre de Sécession). Ce sont essentiellement des pièces de marine de calibre variable (164 à 520 mm) et montées sur des affûts truck (Wagon plat-forme). En 1918, ce sont 548 pièces sur voie ferrée qui ont vu le jour.
En 1939/40, seules une centaine de pièces sont conservées et mobilisées. En Alsace du nord, c’est jusqu’à 5 pièces d’ALVF qui sont mises en batterie et ce, dès le mois de septembre 1939.


Caractéristiques des pièces

Les pièces employées dans le nord de l’Alsace étaient toutes d’un calibre de 340 mm sur des affûts à glissement. Ces affûts-truc reposent sur des patins qui reposent eux mêmes sur des poutrelles métalliques placées sur les extrémités des traverses et parallèles aux rails. Ce sont ces patins qui freinent par friction le recul sur environ 1 mètre. Pour replacer la pièce en direction, il fallait pousser l’affût-truc pour la repositionner (le déplacement s’effectuait au moyen de barres à mines).

Par opposition, les affûts à berceau, également très répandus, accusent directement le recul du tube au moyen d’un frein. Ces affûts sont donc en plate-forme et reposent sur des vérins qui surélèvent la pièce et son truc.
Les pièces de 340 G (G pour glissement) ne s’orientent par rapport à leurs cibles que grâce à leur position sur l’épi courbe. Par opposition, les pièces de 340 B (B pour berceau) peuvent se positionner sur un épi droit et le tube dispose d’un débattement latéral de 10°.


Caractéristiques techniques :

Matériel de 340mm modèle 1912 sur affût-truc à glissement

Type de pièce : Pièce de marine
Calibre : 340 mm
Longueur du tube : 45 calibres
Longueur affût-truc : 33 m
Poids du tube : 67 t
Poids total : 270 t
Obus : Obus rupture : 450kg pour Vo 900 m/s
Obus anti-béton : 555kg pour Vo 800m/s
Portée maximale : 39 km



Les emplacements préparés

Des emplacements ont été préparés dès 1936 et intégrés dans les plans feux des Régions Fortifiées. Pour chacun des emplacements, des dossiers avaient été rédigés qui renseignaient les troupes devant les desservir, ils précisaient entre autres les objectifs et leurs coordonnées. Ces emplacements préparés, au nombre de 5 (Mary-Hohnadel, Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot, tome 3 p.45) dans le Nord-Est, ne sont dus qu’à des économies budgétaires. A l’origine, ce sont des tourelles pour des canons de 145 d’une portée de 30 km qui devaient être construites.

Dans le nord de l’Alsace, on trouvait ainsi les épis de Fourneau-Neuf, (voie de Bannstein-Moutershouse au lieu-dit Lindel), à la maison forestière de Rittershoffen (voie de Walbourg-Seltz) et au sud de Kutzenhausen (voie de Haguenau-Wissembourg).
Chaque emplacement préparé était constitué de deux épis. Une batterie, composée de deux pièces, positionnait chacune de ces pièces sur un épi, pointée sur la cible désignée. Par exemple, à Rittershoffen, la 1ère batterie du 373 eme RALVF avait une pièce pointée sur Baden-Baden alors que sa voisine l’était sur Karlsruhe.

Les pièces devaient être guidées par des avions de reconnaissance (éventuellement par des ballons captifs) reliés au poste de commandement par des appareils de radio-transmission. Le 1/373 RALVF avait un poste ER13 qui émettait sur le réseau de commandement des armées sur une distance de 100 à 200 kilomètres, pesait 700 kg et se transportait dans une camionnette.

Pour en savoir plus…

- Colonel Guy François, ALVF 1886-1918 (1ère partie), 1919-1945 (2ème partie)
- Stéphane Ferrard, «France 1940, l’armement terrestre», p218-227
- Franz Kosar, Eisenbahngeschütze der Welt
- Mary-Hohnadel, „Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot“, tome 3 p.45
- Gerhard Taube, Deutsche Eisenbahngeschütze

- JMO du premier et quatrième groupement du 373ème RALVF


Dossier réalisé par Jean-Louis Burtscher et Antoine Schoen


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