La chute du fort d'Eben-Emael
Les causes de la chute du Fort d'Eben-Emael :
Cette audacieuse opération
aéroportée, amplifiée par la propagande NAZI a suscitée une littérature
débridée, des histoires et légendes sur lesquelles nous ne nous attarderons
pas.
L'audace et la surprise: l'attaque
du fort était très audacieuse, une première en son genre. Ce fut l'inauguration
de la guerre moderne, d'une précision chirurgicale.
- La surprise fut celle de l'heure, situé à
coté de la frontière, le fort fut attaqué dès le début des
hostilités.
Avant même que l'équipage ait pu prendre toutes ses dispositions.
- La surprise de la durée, en moins de
trente minutes le fort fut aveugle et une grande partie de ses oeuvres vives
furent endommagées.
- La surprise de la méthode, en effet aucun état major
n'avait envisagé jusqu'ici que l'on puisse débarquer sur les
dessus d'un grand fort.
- La surprise des moyens, si le principe de
la charge creuse était déjà connu, ce fut la première fois que l'on l'utilisa à des fins militaires. Jusqu'à présent on pensait que l'on ne
pouvait venir à bout du béton et des cuirassements que par l'utilisation
massive de l'artillerie lourde.
Adolf Hitler entouré de "ses" aéroportés.
Le moral de la garnison : le fort
d'Eben-Emael était le pénitencier du régiment.
- Les officiers étaient généralement les derniers de la promotion,
quant au sous-officiers et soldats, c'était les fortes têtes dont on
ne voulait plus ailleurs.
- L'instruction était insuffisante, la garnison n'avait jamais tiré
d'obus, ni lancé une grenade.
- L'équipage du fort était peu
homogène et sa cohésion était inexistante. Tout au long des 36
heures de l'agonie du fort, l'équipage fit preuve d'indiscipline et de manque de
combativité.
- Il fut impossible, malgré une
supériorité numérique de plus de dix pour un, de monter une contre-attaque
efficace.
Les défauts
d'organisation des Belges : Visiblement il y avait un problème dans le
gestion des quarts.
- D'après un ancien du fort il n'y avait qu'un bloc sur deux
qui avait un équipage d'alerte. Ce qui explique pourquoi il manquait du monde
dans la plupart des blocs de combats, certains blocs étant
pratiquement vides.
Négligence ou sabotage : Le
"mauvais esprit" qui régnait dans le fort eut des conséquences dramatiques.
- La tourelle nord qui
était en sous-effectif, avait des problèmes de monte-charge.
- La tourelle sud des problèmes de percuteurs.
- La
coupole de 120mm cumulait une panne de monte-charge, un débouchoir qui ne
fonctionnait pas et un système d'assistance du chargement des obus qui
était lui aussi en panne.
Aujourd'hui encore on ignore s'il s'agissait de
sabotages ou de négligences. Dans tous les cas, ces "pannes" sont
tombées à point pour les attaquants.
L'espionnage :
la connaissance et le sur-entraînement furent un facteur décisif pour le coup
de main allemand.
-
Ils connaissaient parfaitement les lieux et surtout la mission de
chaque bloc.
-
Il neutralisèrent avant tout les blocs d'artillerie qui étaient
capables de tirer sur les ponts qu'ils souhaitaient capturer intacts.
Les défauts de conception du
fort : par comparaison à la
Ligne Maginot ceux-ci furent légion. On note au moins sept défauts importants
de
conceptions qui ont facilité la tâche des assaillants.
- 1) L'absence de fossés
diamant devant les embrasures.
- 2) L'absence de visières au-dessus
des embrasures.
- 3) L'absence de caponnières
de défense des façades.
- 4) L'absence de cloches
fusils mitrailleurs pour défendre les dessus
- 5) L'absence d'un magasin M3
au niveau des blocs.
- 6) L'absence d'un magasin M4
au niveau des pièces ou des tourelles.
- 7) L'absence de
cloisonnement des dessus du fort par des réseaux barbelés.
Le fort d'Eben était conçu pour résister à une attaque classique. On est confronté là, à la cause essentielle de la
chute du fort. Eben-Emael etait un rêve fou d'architecte, dont les
concepteurs ont oubliés l'essentiel, qu'il va falloir faire la guerre un
jour avec. Eben c'est une vision théorique de la défense, du défenseur
qui derrière sa mitrailleuse ou son canon ne défend que son fossé ou une
bande étroite du terrain. Tout va bien si l'ennemi joue le jeu. Mais si par
malheur celui-ci élabore une autre tactique, tout le plan de défense
s'effondre comme un château de cartes.
Le plus mauvais des équipages se serait battu,
s'il en avait eus les moyens. Or les moyens, fossés diamant, visières, caponnières,
cloches F.M., munitions, manquaient partout.
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